« Je grimpe parce que sur le chemin de nos vies rêvées, il y a tellement de monde en rade sur le bas-côté qu’on ne trouve la lumière et le silence qu’en s’élevant. »

Un thriller noir sous tension
J’ai découvert Patrice Gain grâce à ma libraire, qui m’a glissé ce roman entre les mains avec un sourire entendu. « Vous verrez, c’est aussi noir que magnifique », m’a-t-elle dit. Et elle avait raison. Les brouillards noirs n’est pas un simple thriller, c’est une immersion brute et bouleversante dans un monde hostile, où la nature et les hommes ne font qu’un, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire.
Raphaël, violoncelliste, a fait le choix de son art au détriment de sa fille Maude, malgré lui, il faut l’avouer. Depuis onze ans, ils vivent éloignés, sans vraiment se comprendre. Jusqu’au jour où il apprend sa disparition lors d’un voyage aux îles Féroé. Sans hésiter, il part à sa recherche, mais ce qu’il découvre sur place dépasse tout ce qu’il aurait pu imaginer. Maude militait contre le grindadrap, la chasse traditionnelle aux globicéphales, une pratique qui, bien que défendue par les insulaires, pose de nombreuses questions morales et écologiques.
L’ambiance du roman est lourde, pesante. Le silence des habitants, leur hostilité, l’ombre d’un secret étouffant et la violence de la nature féroïenne rendent cette lecture presque suffocante. Chaque page résonne comme une tempête en approche, un grondement sourd annonciateur de drames.
Une plume magistrale
Ce qui m’a le plus marquée dans ce roman, c’est la plume de Patrice Gain. Sa manière de décrire les paysages et les éléments naturels est absolument magnifique. Il sait capturer la beauté brute d’un océan en furie, la rudesse des vents du Nord, la froide indifférence des falaises et des brumes épaisses. Son écriture est à la fois poétique et précise, immersive au point de donner l’impression d’entendre le fracas des vagues et de sentir le sel sur sa peau.
J’avais peur de lire ce livre à cause du grindadrap, cette chasse aux baleines pilotes et aux dauphins qui a encore lieu aux îles Féroé. Je craignais les descriptions insoutenables, alors j’ai fait un choix : j’ai sauté la page et demie où cet événement est relaté. Malgré cela, l’indignation demeure. Est-il raisonnable ou même normal de s’affranchir des lois pour perpétuer une tradition barbare et inutile, surtout lorsque la viande de ces cétacés devient progressivement impropre à la consommation ? Cette question hante le roman et pousse à la réflexion.
Un récit poignant sur les liens familiaux
Au-delà de l’enquête et du contexte écologique, Les brouillards noirs parle aussi d’une relation brisée entre un père et sa fille. Onze ans de silence, d’incompréhension, d’absence. Raphaël ne sait presque plus qui est Maude, mais son amour pour elle, bien qu’enfoui sous des années de distance, demeure intact. Ce voyage devient alors une quête à la fois physique et intime, celle d’un homme qui cherche à retrouver sa fille autant que son propre passé.
Les bonnes raisons de lire Les brouillards noirs
- Une écriture sublime : Patrice Gain décrit la nature avec une rare puissance poétique.
- Une atmosphère pesante et immersive : entre l’enquête de Raphaël, la froideur des insulaires et la violence des éléments, on ne ressort pas indemne.
- Un thème essentiel et révoltant : le grindadrap interroge sur la persistance des traditions face aux réalités écologiques et éthiques.
- Un roman humain et sensible : au-delà du thriller, c’est une poignante histoire de relation père-fille.
- Une fin bouleversante : refermer ce livre, c’est garder une empreinte indélébile dans le cœur.

En bref :
J’ai refermé Les brouillards noirs avec le cœur serré, envahie d’émotion et de questionnements. Ce roman est une claque, un de ces textes qui restent longtemps en mémoire. Je vous le recommande chaudement, à condition d’accepter de plonger dans un récit intense et sans concession.
4ème de couverture :
Depuis onze ans, Raphaël, violoncelliste, ne vit que pour son art et s’est éloigné de sa fille Maude. Quand il apprend que celle-ci a disparu lors d’un voyage aux îles Féroé, il part aussitôt à sa recherche.
A son arrivée, les insulaires se montrent hostiles, à l’image de la nature. Il découvre que sa fille militait contre une tradition locale, le grindadrap, la chasse à la baleine.
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