Le mangeur d’âmes – Alexis Laipsker

« Il n’a pas crié. Ils ne crient jamais. »

Le mangeur d'âmes - Alexis Laipsker
En librairie depuis le 10 février 2022 chez Pocket –  384 pages, 8.70€

Chers lecteurs, chères lectrices,

Je vous propose de quitter les grandes villes pour vous aventurer dans un village de montagne où le silence pèse, où les secrets se murmurent à demi-mot et où une légende sordide semble soudainement prendre corps. Avec Le mangeur d’âmes, Alexis Laipsker nous entraîne dans un thriller sombre et maîtrisé, à l’ambiance aussi glaçante que ses paysages enneigés.

Je découvre l’auteur sur le tard, après avoir longtemps vu passer des avis extrêmement positifs sur ses thrillers et cette lecture, bien que pas un coup de cœur, m’a permis de mieux comprendre ce qui séduit tant chez lui : une plume visuelle, des personnages solides et un sens du rythme très travaillé.

Une intrigue sombre, classique mais efficace

Ce n’est pas l’histoire la plus originale que j’ai lue dans le genre, mais elle remplit très bien sa mission : capter l’attention, maintenir le suspense et nourrir une ambiance lourde, à la lisière de l’étrange. Alexis Laipsker sait où il va, et ça se sent : la progression est fluide, les rebondissements tombent au bon moment, sans surenchère.

S’il y a une chose qui m’a réellement accrochée dans cette lecture, ce sont les personnages principaux. Le commandant Guardiano et le capitaine De Rolan forment un duo contraint, mais redoutablement complémentaire.

Guardiano, en particulier, m’a marquée : un personnage creusé, torturé, au passé trouble, qui semble porter en lui autant de blessures que ceux qu’il interroge. Il n’a rien du héros lisse : c’est un homme fatigué, lucide, parfois brutal, mais profondément humain.

De Rolan, plus impulsive, moins aguerrie, est un bon contrepoids. Son instinct, ses maladresses, ses propres doutes donnent un relief intéressant à leur relation. Ensemble, ils font avancer l’enquête, mais surtout, ils apportent au récit une vraie dimension humaine. Ils ne sont pas là pour briller, mais pour chercher la vérité, avec ce que ça implique de confrontations, de silences, de frustrations.

Le roman n’est pas linéaire, et c’est un choix qui fonctionne très bien ici. Alexis Laipsker utilise avec justesse les retours en arrière, les changements de points de vue, les ellipses. Ce procédé, loin de perdre le lecteur, permet au contraire de distiller l’information avec parcimonie. Chaque morceau du puzzle se dévoile au bon moment, et l’on sent que l’auteur maîtrise parfaitement sa mécanique narrative.

Ce n’est pas un thriller « choc », mais un thriller « filet » : lentement, il resserre son emprise, jusqu’à nous piéger dans les derniers chapitres. J’ai apprécié cette construction qui ne mise pas uniquement sur le rythme effréné, mais aussi sur l’ambiance, le sous-texte, les révélations progressives.

Ce qui m’a frappée dans cette lecture, c’est le style. Alexis Laipsker possède une plume très cinématographique. Chaque scène est pensée visuellement, presque comme un plan de film. Les descriptions sont brèves mais puissantes : un regard, une goutte de pluie, une ombre dans la neige suffisent à créer une atmosphère. L’auteur ne s’attarde pas dans les fioritures, mais parvient à suggérer beaucoup avec peu.

Cela donne au roman un côté très immersif. On voit les scènes, on entend le souffle des personnages, on ressent la tension dans une pièce ou la morsure du froid sur la peau. Ce style concis mais sensoriel est l’un des grands atouts du livre. Il donne du relief à l’intrigue et surtout à l’ambiance générale, très sombre, presque oppressante par moments.

  • Pour l’ambiance pesante et immersive d’un village de montagne isolé.
  • Pour le duo d’enquêteurs crédibles, attachants et bien construits.
  • Pour la structure narrative qui joue habilement avec le temps et la tension.
  • Pour la plume cinématographique, visuelle et efficace.
  • Pour un thriller qui se lit vite, sans temps mort, parfait pour s’évader le temps d’un week-end.

Le mangeur d’âmes ne réinvente pas le thriller, mais il en maîtrise très bien les codes. Alexis Laipsker signe un roman sombre, bien construit, habité par des personnages convaincants et porté par une plume visuelle qui mérite d’être découverte. Ce n’est pas un coup de cœur, mais une très bonne lecture, qui m’a donné envie de lire d’autres romans de l’auteur. Et vous, êtes-vous prêts à affronter vos légendes ?


Dans l’horreur, la réalité peut dépasser la légende.

« Il n’a pas crié. Ils ne crient jamais. »
Certains secrets, pourtant bien gardés, s’avèrent parfois trop lourds à porter…
Quand des disparitions d’enfants et des meurtres sanglants se multiplient dans un petit village de montagne sans histoire, une vieille légende nimbée de soufre ressurgit… Diligentés par leurs services respectifs, le commandant Guardiano et le capitaine de gendarmerie De Rolan sont contraints d’unir leurs forces pour découvrir la vérité.

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