« Mon père avait coutume de dire : les emmerdes, ça vient toujours en escadrille. J’étais la preuve empirique du bien-fondé de cette expression, mais j’aurais bien aimé que ça s’arrête, parce que ça faisait beaucoup. »

Un retour attendu… mais qui laisse un goût d’inachevé
J’avais vraiment beaucoup aimé le précédent roman d’Alexandra Julhiet, Car un jour de vengeance. Une tension bien maîtrisée, des personnages fouillés, une atmosphère oppressante… Bref, tout ce que j’aime dans un bon thriller psychologique.
C’est donc impatiente que j’ai entamé La nuit de l’Ours. L’autrice nous propose une immersion dans un univers encore une fois sombre et dérangeant : celui des souvenirs refoulés, des secrets de famille et des frontières troubles entre réalité et folie.
Mais, aussi prometteur que cela puisse paraître, ma lecture n’a pas été à la hauteur de mes attentes.
Le pitch est accrocheur : Angèle, la quarantaine proche, revient dans le village de son enfance avec son père atteint de troubles étranges. Ce qu’elle croyait oublié ressurgit peu à peu : une maison qui semble hantée par la mémoire, des souvenirs d’enfermement, une fête de l’Ours aux relents inquiétants… Et ce mystère déroutant : pourquoi personne ne semble se souvenir d’elle ? Le potentiel est là, indéniablement. Alexandra Julhiet sait créer des ambiances, jouer avec les codes du suspense et distiller juste assez d’informations pour nous faire douter. On sent qu’elle maîtrise les tensions psychologiques et les zones d’ombre. Mais alors, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné pour moi ?
Une narration trop « racontée »
Je peine à mettre précisément le doigt dessus, mais quelque chose dans la narration m’a freinée dès les premières pages. Peut-être une écriture trop « expliquée », trop linéaire, qui laisse peu de place à la subtilité et à l’immersion.
J’ai eu l’impression qu’on me racontait l’histoire, sans vraiment me la faire vivre. Cela a largement contribué à créer une distance entre moi et le personnage principal, Angèle. Et c’est sans doute là mon plus gros regret : je ne me suis jamais attachée à elle. Pas de connexion émotionnelle, pas d’empathie, pas de frisson partagé. Or, dans ce type de roman, où la psychologie est au cœur de l’intrigue, c’est essentiel pour moi. L’identification au personnage, ou au moins une forme de compréhension de ses tourments, est ce qui rend le récit plus prenant.
Les bonnes et les moins bonnes raisons de lire La nuit de l’Ours :
Les bonnes raisons :
- Une ambiance sombre et envoûtante, parfaite pour les amateurs de thrillers psychologiques à la frontière du fantastique.
- Une intrigue intrigante, avec des mystères qui interpellent et un décor, le village de Saint Martin d’Infern, qui fonctionne très bien.
- Une autrice talentueuse, qui a déjà prouvé sa maîtrise du genre avec Car un jour de vengeance.
- Des thématiques fortes, autour de la mémoire, de la folie, et des secrets de famille.
Les « moins » bonnes raisons :
- Une narration qui peut laisser à distance, avec une écriture un peu trop « facile » ou explicative selon les sensibilités.
- Une héroïne peu attachante, ce qui rend le parcours émotionnel moins prenant.
- Une intrigue qui manque parfois de crédibilité, avec des rebondissements un peu trop « gros » ou amenés trop rapidement.
- Un manque de subtilité dans le traitement, qui peut décevoir les lecteurs habitués aux thrillers plus nuancés.

En bref : une rencontre manquée
Je ne doute pas que La nuit de l’Ours trouvera son public. Le roman a des qualités, c’est certain. Mais pour ma part, je suis complètement passée à côté, malgré ma bonne volonté et mon envie d’aimer. Peut-être que je n’étais tout simplement pas la bonne lectrice pour ce livre, cette fois-ci.
Cela n’entame en rien mon respect pour l’autrice, dont je continuerai à suivre le travail avec attention.
4ème de couverture :
Angèle, 39 ans, accompagne son père atteint de troubles mentaux dans le village de son enfance, SaintMartin d’Infern. Là, elle découvre une maison familiale aux secrets troublants : un prénom gravé des milliers de fois, des dessins inquiétants, et surtout des flashs de mémoire qui lui révèlent qu’elle y a été enfermée enfant. Qui sont réellement ses parents ? Quel lien avec la clinique psychiatrique où travaille son père ? Alors que le village célèbre sa fête traditionnelle de l’ours, Angèle plonge dans une enquête qui remet en cause sa propre existence, car aucun des habitants ne semble se souvenir d’elle, comme si elle n’avait jamais existé…
Un thriller psychologique démontrant une réelle maîtrise du suspense, une capacité d’évocation
remarquable, doublées d’un grand sens de l’émotion.
[…] La nuit de l’ours – Alexandre Julhiet Dragons & sentiments – Stephanie Burgis […]
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