« Respire un coup. Tu n’es pas encore morte. »

Résumé éditeur :
Comment décrire l’inconcevable ? Kidnappée, violée et menacée de mort, Lacy M. Johnson nous raconte comment elle a échappé à son bourreau. Qui n’est autre que son ex-compagnon, un homme violent et manipulateur, dont l’emprise, comme un étau, s’est peu à peu refermée sur sa vie. Témoignage porté par une poésie brute et une énergie hors du commun, récit d’une reconstruction impossible : ce livre est un chef-d’œuvre nécessaire et brûlant d’actualité.
Avis :
C’est toujours un peu délicat je trouve de donner son avis sur un récit qui relate une histoire vraie aussi difficile que celle de Lacy M. Johnson. En tout cas, impossible de juger l’histoire en elle-même, ça serait franchement indécent. Qui suis-je pour faire ça? L’auteure n’est pas là pour nous présenter une intrigue, une enquête ou tout autre élément fictionnel, elle va au contraire, à travers Je ne suis pas encore morte, nous raconter avec ses mots, ce qui lui ai arrivé. Ce traumatisme et cette douleur qui la suivent depuis ce fameux jour où elle a été kidnappé, violée et violentée. Ses propos sont parfois choquants mais ils reflètent la réalité de ce qu’elle a vécu et de ce qu’elle vit depuis. Le texte est décousu, on fait sans cesse des bons dans le temps, elle écrit les choses comme elles lui viennent , on s’y perd parfois. C’est brutal, direct et sans ménagement, ni pour elle ni pour nous. Pourquoi prendre des pincettes et enrober les événements?
Un témoignage troublant et percutant
On ne sort pas forcément indemne d’une telle lecture, peut-être encore plus difficilement quand on est une femme et qu’on peut imaginer même si ce n’est qu’un tout petit peu ce qui s’est passé. Les ravages physiques et psychologiques que l’auteure nous expose sont si terribles qu’il est plus facile pour nous de comprendre le titre que l’éditeur a choisi pour raconter en version française, son calvaire. Elle évoque régulièrement, directement ou indirectement à travers des images cette notion de mort alors qu’elle est toujours vivante. Sa destruction est telle qu’elle a souvent cette envie ou cette impression de sortir de son propre corps, de disparaître, de le cacher ou a contrario de le montrer. C’est violent et douloureux. Lacy M. Johnson a traversé et traverse peut-être encore une phase d’autodestruction, où la considération d’elle-même est si faible qu’elle se met en danger pour se sentir vivante, exister, au moins pendant quelques instants. La stabilité la déstabilise, elle a du mal à s’autoriser un minimum de bonheur. C’est probablement cet aspect là que j’ai trouvé le plus difficile puisqu’il met en lumière cette dévastation massive qui conditionne sa vie.
Le fait qu’elle ne cite jamais les prénoms (« L’homme avec qui j’ai vécu » est le bourreau par exemple) donne une dimension plus grande au récit. La manière dont elle les surnomme montre également sa perception de sa relation avec chacun : « Ma grande amie » etc… Il y a une certaine impression de distance.
L’auteure nous raconte, nous explique comme elle peut ce qu’elle vit, comme une forme d’exutoire, en tout cas je l’espère vraiment pour elle. Le talent d’écriture est là, il est impactant et sincère. Elle ne se cache pas ou peu derrière ses mots, elle y va franchement. A nous d’encaisser, on le lui doit, à mon sens. Comme une façon de la soutenir au moins un peu. Elle nous parle, nous l’écoutons.
En conclusion
Une lecture difficile, brutale et coup de poing. Comme une résilience pour l’auteure qui raconte son histoire avec le cœur, sans se soucier de la manière dont sera perçu son récit. Une plume incroyable (même si je sais qu’elle est enseignante) qui m’a particulièrement touchée. C’était fort, nécessaire, honnête. Parfois difficile à comprendre pour nous qui avons la chance de ne pas avoir vécu cette épreuve. La déchéance, son rapport avec son corps, avec les rapports intimes, avec les autres. On ne peut que tenter d’imaginer sans (fort heureusement) jamais y parvenir totalement. J’ai pris du recul pour ne pas être submergé et davantage horrifié. Je me suis détachée, au moins un tout petit peu pour ne pas être percutée de plein fouet par les mots, les émotions, les ressentis.
Autrement dit, Je ne suis pas encore morte n’est pas franchement une partie de plaisir mais la lecture n’a pas pour seul but de nous vendre rêve et paillettes. Chapeau à l’auteur qui je l’espère, se reconstruit au mieux aujourd’hui.

Vous pouvez trouver ce récit juste ici 🙂
[…] L’avis complet juste ici […]
J’aimeJ’aime