« Ainsi, l’espoir d’un renouveau global de la démocratie s’apparentait dorénavant à une utopie. »

⭐⭐⭐⭐

Note : 4 sur 5.

4ème de couverture :

2045. Les États-Unis n’existent plus, une nouvelle guerre de Sécession en a redessiné les frontières.
      Sur les côtes Est et Ouest, une république où la liberté de mœurs est totale mais où la surveillance est constante. Dans les États du Centre, une confédération où divorce, avortement et changement de sexe sont interdits et où les valeurs chrétiennes font loi.

Les deux blocs se font face, chacun redoutant une infiltration de l’autre camp.

C’est justement la mission qui attend Samantha Stengel. Agent des services secrets de la République, cette professionnelle reconnue, réputée pour son sang-froid, s’apprête à affronter l’épreuve de sa vie : passer de l’autre côté de la frontière, dans un des États confédérés les plus rigoristes, sur les traces d’une cible aussi dangereuse qu’imprévisible.

Dans ces États désormais Désunis, Samantha devra puiser au plus profond de ses forces pour échapper aux mouchards de son propre camp et se confronter aux attaques de l’ennemi.

Est-ce ainsi que nous vivrons ?

Ce que j’en ai pensé :

Décidément, après Les hommes ont peur de la lumière, Douglas Kennedy n’épargne pas les États-Unis cette fois-ci encore. Auteur fortement intéressé par tous les grands événements de son pays, il n’hésite pas à prendre la parole sur les divers plateaux TV francophones. Particulièrement observateur, il nous livre des romans sociétaux aussi fascinants qu’effrayants parce que oui, là, franchement, j’espère qu’il se trompe. D’un côté une Amérique sous contrôle absolu dû à des puces « Chadwick » (Elon Musk??) implantée dans le corps (Big Brother n’a qu’à bien se tenir), qui pourtant pense avancer et être en totale sécurité grâce aux progrès… De l’autre, un état ultra conservateur où la religion gouverne, où l’obscurantisme tient une place importante. De quoi nous faire oublier le célèbre Rêve américain non ? D’autant plus quand on constate in real life, comme on dit, que certains droits fondamentaux sont en train de disparaitre petit à petit. Oh, rassurez-vous, l’auteur n’épargne pas le reste du monde même si on entre beaucoup moins dans le détail. Bref, un avenir tout proche puisqu’il situe son histoire en 2045, de quoi nous faire dresser les poils.

Évidemment, cette dystopie n’est que pure fiction, du moins pour l’instant. Cependant pas mal d’éléments laissent à penser que c’est un scénario parfaitement plausible, voire envisageable. A travers ses divers personnages, Douglas Kennedy nous montre la vision de chacun, impossible pour moi de me positionner, je ne me vois vivre dans aucune des deux parties. L’agent Samantha Stengel est un personnage complexe et aussi bien construit que maitrisé. J’ai vraiment apprécier la suivre. En tant que narratrice, nous partageons avec elle ses pensées, ses certitudes et ses peurs. J’en ai encore des frissons. Sa mission ne restera pas sans séquelles. Sa vie sera transformée à tout jamais et pour cause. En passant dans le territoire ennemie, elle ne pourra plus faire confiance à personne que ce soit dans son camp ou chez l’adversaire. Plus isolée que jamais, elle sera confrontée à des prises de conscience et à des décisions qu’elle ne s’était jusque là jamais autorisée. L’intrigue est prenante, impossible à lâcher. Cette chasse à l’homme est impressionnante et un tantinet angoissante si je puis dire.

En tant que bon roman d’anticipation, ce livre se transforme dès le 1er tiers en thrillers politico-religieux à tendance psychologique. Rien de lourdingue, soyez rassurés, tout y est fluide, expliqué et finalement… parfaitement crédible, c’est bien le problème. Le suspense est omniprésent, l’atmosphère est pesante, inquiétante. Les rebondissements sont efficaces, aucun n’est superflu, le dosage est parfait.