« Que le monde soit dur ne signifie pas qu’il soit sans douceur, et, cette douceur, on peut s’en saisir pour la porter bien au chaud à l’intérieur du cœur. Il y a des médailles plus vilaines. »

4ème de couverture :
Le docteur Jean est généraliste dans une ville du Sud-Ouest. En ces temps de déserts médicaux, sa salle d’attente est toujours pleine et il soigne tout le monde. Ce médecin de famille n’a pourtant rien de classique.
Sous le masque de ce personnage romanesque, se révèlent le quotidien du docteur Baptiste Beaulieu et son regard engagé, plein d’empathie mais aussi de colère, sur la médecine actuelle et, surtout, sur les violences faites aux femmes.
Il les aime, ses patientes, le docteur Jean. Lui, son problème, c’est qu’il n’arrive plus du tout à pleurer. Jamais. Où se cachent-elles, ses larmes ?
Ce que j’en ai pensé :
Où vont les larmes quand elles sèchent… En voilà une bonne question. Je ne pense pas avoir une seule réponse, je pense que cela dépend. Cela dépend de la raison des larmes, du moment, de ce qu’on s’autorise à en faire aussi. Parfois elle se contente de laisser une trainée salée sur notre joue, d’autres fois, elles viennent faire de vilaines bavures sur un papier rempli d’encre. Elles meurent également le long de notre cou ou dans un mouchoir, à quoi bon vouloir savoir finalement, elles peuvent aller où elles veulent, du moment qu’elles sont là pour nous soulager.
Jean est un jeune médecin brisé par un drame, « On ne devrait pas mourir sans en avoir l’âge« . Pour tenter de se reconstruire, de reprendre foi en l’humanité, il quitte le service des urgences dans lequel il travaillait pour se consacrer à d’autres patients et devient médecin généraliste. Il a beau voir plusieurs dizaines de patients chaque jour, certains le marqueront plus que d’autres, c’est comme ça. Petit à petit il devient important pour certaines personnes, comme une bouée de sauvetage qui empêcherait la noyade. Jean soigne le corps, du moins il fait son possible mais il soigne aussi l’âme de celles et ceux qui sont brisés, à bout, du moins il fait son possible, une fois de plus.
A travers son récit, témoignage choc de sa vie professionnelle, Baptiste Beaulieu nous parle sans détour des patients où des situations qui ont marquées à jamais sa vie de médecin. Sa plume ne fait pas dans la dentelle, elle est directe et ne se cache pas toujours derrière la convenance. A quoi bon après tout, le chocolat est meilleur sans son emballage non ? Avec ses mots, il nous prend nous, lecteur comme cible, comme confidents. C’est à nous qu’il raconte son histoire avec pour fil rouge, son incapacité devenue handicapante à ne plus pouvoir pleurer. Imaginez un peu, pleurer à gros sanglots à l’intérieur mais que rien ne sorte à l’extérieur. Quelle douleur. Il nous parle de ce qu’il ressent, de ses colères qui finalement sont peut-être des peurs. Il met le doigt sur une défaillance grandissante du système de santé français.
Je ne suis pas bien veille, avec mes 33 ans et pourtant, depuis près de 15 mois, les rendez-vous médicaux et examens en tous genres se succèdent pour venir à bout d’une cochonnerie de pépin de santé. Quand il parle de consentement médical, de considération, de sourires venant des soignants, je vois parfaitement de quoi il s’agit. L’importance d’une bienveillance, de ne pas être juste LE cas le plus improbable dans ce domaine vu depuis des années. L’importance d’exister en tant que personne et non pas juste qu’en tant que patiente. Je comprends tout ça et je le remercie d’y mettre des mots et de ne pas hésiter à dénoncer certaines pratiques de ses con-frères.
Où vont les larmes quand elles sèchent est un roman confession, engagé qui malgré tout arrive à mettre de l’humour où on pense que c’est impossible. Ce sont des tranches de vies, des anecdotes, des moments révoltants ou au contraire touchants. C’est un roman qui, j’en suis persuadée, peut faire écho en chacun de nous par sa justesse et son manque parfois, de délicatesse.

En bref :
Une lecture qui se lit d’une traite, sans pause ou presque. Une lecture nécessaire où une plume sincère saura vous séduire si tant est que vous sachiez y voir les messages, les vrais. Une lecture qui m’a fait du bien, surtout en ce moment. Une lecture que je conseille, bien évidemment.
Je suis moi même dans le médical cependant souvent on ne me considère que comme une vendeuse de boîte. 📦 j’ai fait ce qu’il faut comme étude mais le médecin semble toujours au dessus de moi. J’aimerais bosser main dans la main avec des médecins. Et inversement qu’il puisse compter sur le corps pharmaceutique. Pour l’instant le monde médical fait de l’urgence et même parfois même pas. C’est navrant. Je ne sais si je lirais ce livre car décidément il ne me sortira pas du quotidien mais j’apprécie l’humanité que je devine dans ton ressenti.
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