A l’ombre de Winnicott – Ludovic Manchette & Christian Niemiec

« Confirmation, s’il en était besoin, que certaines choses peuvent se faire, mais ne doivent en aucun cas se dire. Quant à les écrire… »

Note : 5 sur 5.
À l'ombre de Winnicott de Ludovic Manchette et Christian Niemiec
En librairie depuis le 29 août 2024 chez Le Cherche Midi – 504 pages, 22.50€

À travers leur dernier roman À l’ombre de Winnicott, Ludovic Manchette et Christian Niemiec nous embarquent dans une intrigue envoûtante, où chaque page dégage une ambiance singulière et énigmatique. Après avoir refermé ce livre, une chose est sûre : cette œuvre réussit le pari d’être à la fois captivante, sensible et mystérieuse. Si comme moi vous aimez les histoires de fantômes, les atmosphères gothiques et les personnages profondément humains, alors vous êtes au bon endroit !

L’histoire se déroule en 1934, dans un cadre idéal pour les amateurs de récits teintés de mystère : Winnicott Hall, un manoir ancien situé en plein Sussex. Dès les premières pages, ce lieu devient presque un personnage à part entière. Les murs semblent imprégnés de secrets et l’atmosphère du manoir évolue tout au long de l’intrigue, renforçant l’angoisse latente qui plane sur les habitants. On se demande très vite si une présence surnaturelle ne hante pas réellement les lieux, tant l’ambiance se fait lourde et oppressante par moments. J’ai adoré l’immersion dans cette demeure, un véritable écrin pour l’intrigue fantastique et pleine de suspense. Pendant quelques heures de lecture, j’ai eu l’impression de me promener dans ses couloirs sombres et silencieux.

L’un des aspects les plus réussis de ce roman réside dans la richesse de ses personnages, en particulier George et Viviane. George, jeune garçon aveugle, est d’une sensibilité bouleversante, d’une intelligence et d’une perspicacité impressionnante. Impossible de ne pas s’attacher à lui et de ne pas ressentir, à travers ses yeux, l’étrangeté de ce monde qu’il ne peut voir comme nous. Viviane Lombard, la préceptrice française, est un véritable modèle de droiture et de bienveillance. J’ai trouvé son lien avec George d’une justesse incroyable, mêlant protection et exigence. Ensemble, ils forment un duo très touchant, et leurs échanges sont empreints d’une belle sincérité. J’ai adoré le temps passé à leurs côtés.

Ce qui m’a séduite aussi, c’est la manière dont Ludovic Manchette et Christian Niemiec parviennent à maintenir le mystère tout au long du roman. L’intrigue progresse sans jamais révéler trop rapidement ses secrets, ce qui pousse le lecteur à rester en alerte. Chaque indice, chaque geste semble porteur de significations cachées. Les auteurs savent jouer avec leurs mots, distillant juste ce qu’il faut d’étrangeté pour que l’on continue à douter, à se poser des questions. Est-ce un fantôme qui hante Winnicott Hall ? Est-ce un jeu de l’esprit ? Ce suspense parfaitement dosé rend la lecture extrêmement addictive.

L’époque elle-même ajoute une dimension fascinante à l’histoire. En plein cœur des années 1930, une période marquée par les bouleversements sociaux et les changements de mentalités, le cadre temporel permet aux auteurs de créer une ambiance encore plus immersive. J’ai apprécié la manière dont cette époque est dépeinte, entre tradition et modernité naissante, et comment elle influe sur les personnages et leurs rapports. On sent l’influence de la société sur les relations entre maîtres et serviteurs, mais aussi dans la façon dont le surnaturel est perçu.

En refermant À l’ombre de Winnicott, je n’ai pu m’empêcher de ressentir un pincement au cœur. J’aurais aimé prolonger ce séjour dans le manoir aux côtés de George et Viviane. Ce roman est une véritable réussite pour qui aime se plonger dans une intrigue où le mystère flirte avec les émotions les plus intimes. Une fois de plus, Ludovic Manchette et Christian Niemiec m’ont totalement conquise. Leur talent pour créer des atmosphères captivantes, des personnages attachants et des intrigues palpitantes est inégalé. Je suis une fervente admiratrice de ces auteurs, et leur dernier roman ne fait que renforcer mon admiration pour leur œuvre. Les amateurs de récits gothiques, de fantastique et de suspense seront séduits.



 » Il y a beaucoup de monde !  » remarqua la visiteuse à peine entrée.
Lucille compta.
 » Nous sommes huit. Neuf avec vous.
– Je ne parlais pas des vivants. « 

Sussex, Angleterre, 1934. Alors qu’ils viennent d’emménager dans le manoir de Winnicott Hall, Archibald et Lucille Montgomery confient à Viviane Lombard, une Française à l’attitude et au franc-parler peu ordinaires, l’éducation de George, leur jeune fils aveugle. Tandis que la préceptrice et l’enfant apprennent à s’apprivoiser, un doute s’instille peu à peu chez eux comme chez tous les habitants de la vaste demeure, maîtres des lieux et personnel confondus : une présence invisible ne rôderait-elle pas entre les murs de la vieille bâtisse ?

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