« Car ici bas, seuls comptent les actes. Ce que l’on fait et ce que l’on choisit de ne pas faire. »

Un huis clos post-apocalyptique terriblement réaliste et intensément humain
Il y a des livres qu’on ouvre sans trop savoir à quoi s’attendre. Et puis il y a ceux qui, dès les premières pages, vous happent, vous tordent les tripes, vous embarquent dans une spirale émotionnelle et narrative sans relâche. Qu’un sang impur de Michaël Mention fait partie de ceux-là. C’est une claque littéraire, un uppercut noir, brut et nécessaire. Un roman qui nous plonge dans une France au bord de l’effondrement, à travers un huis clos palpitant, anxiogène et glaçant de réalisme.
Un scénario post-apocalyptique qui pourrait commencer… demain
Le roman installe très vite une ambiance de tension extrême. Pas besoin de créatures fantastiques ou d’effets spectaculaires : la terreur ici est sourde, insidieuse, réaliste. Michaël Mention ancre son intrigue dans un quotidien qui nous est familier, et c’est précisément ce qui rend l’ensemble si angoissant : cette histoire pourrait très bien être la nôtre. Elle pourrait débuter demain. Il suffirait d’un chaos, d’un accident, d’une onde de choc pour que tout bascule.
Une plume brute, sèche, qui va droit au cœur
La première chose qui frappe, c’est le style. Michaël Mention écrit comme on respire dans l’urgence : avec une économie de mots chirurgicale, une tension dans chaque ligne, un refus total de l’artifice. Les phrases sont courtes, percutantes, rythmées comme des battements de cœur affolés. Les chapitres sont brefs, nerveux, souvent conclus sur un mini-cliffhanger qui pousse à tourner les pages frénétiquement. Pas de temps mort. Pas de digression. Tout est tendu, tendu vers la survie.
Cette écriture, sèche et viscérale, ne laisse aucune place au confort. Elle nous jette au cœur du chaos, au plus près des émotions, des angoisses, des colères, des silences lourds. Elle dit l’essentiel, sans détour ni fioriture. Et dans ce dépouillement, elle touche juste. Elle frappe fort.
Qu’un sang impur n’est pas seulement un roman d’anticipation ou de survie. C’est aussi – et peut-être surtout – une exploration profonde et sans concession de ce que signifie « vivre ensemble » quand tout s’effondre. L’auteur installe un huis clos dans un immeuble d’habitation, théâtre miniature de notre société, avec ses tensions, ses conflits, ses solidarités et ses renoncements.
On y croise une galerie de personnages qui, au premier regard, pourraient sembler archétypaux : la famille musulmane, la retraitée et son chat, le couple d’anciens dont Madame est malade, la petite famille végane, l’auteur de roman solitaire… Et pourtant, Michaël Mention prend le temps, avec une finesse remarquable, de les nuancer, de leur donner une histoire, une épaisseur. Personne ici n’est tout à fait bon ou mauvais. Chacun est confronté à ses limites, à ses instincts. Les masques tombent. L’humain se révèle dans sa complexité, dans ses élans de courage comme dans ses lâchetés les plus honteuses.
Un roman politique, social, profondément actuel
Là où Qu’un sang impur se distingue vraiment, c’est dans sa manière d’aborder les tensions sociétales sans jamais tomber dans la caricature. Michaël Mention parle de ce qui fait mal : les fractures sociales, les peurs identitaires, le racisme ordinaire, la défiance envers les institutions, la défiance envers l’autre, tout court. Il évoque la montée des communautarismes, le repli sur soi, la xénophobie qui se nourrit du chaos. Mais il le fait avec justesse, sans manichéisme, sans discours édifiant. Il montre, il ne juge pas. Il dissèque.
Et il le fait en miroir de notre monde. Parce que ce roman, au fond, ce n’est pas un divertissement. C’est un avertissement. Une dystopie sociale qui pose cette question simple et brutale : que reste-t-il de notre humanité quand le monde se délite ?
Les bonnes raisons de lire Qu’un sang impur :
Spoiler alert : elles sont nombreuses.
- Parce que la plume de Michaël Mention est un choc : directe, tendue, fulgurante. Un style qui percute et qui emporte.
- Parce que l’intrigue est palpitante : impossible de décrocher. Chaque chapitre relance le suspense, chaque décision des personnages est cruciale.
- Parce que c’est une fiction plus proche du réel qu’on ne le voudrait : terriblement actuelle, ancrée dans notre monde et nos peurs collectives.
- Parce que le huis clos est incroyablement bien pensé : l’immeuble devient un microcosme de notre société, révélant les instincts, les alliances, les trahisons.
- Parce que les personnages sont humains, trop humains : complexes, crédibles, parfois désespérants, parfois admirables.
- Parce que le roman interroge profondément notre vivre-ensemble : sans complaisance, sans filtre, avec une lucidité mordante.
- Parce que ce livre reste en tête longtemps après l’avoir refermé : et vous pousse à vous demander : « Et moi, qu’est-ce que j’aurais fait ? »

En bref :
Qu’un sang impur est un roman noir, dur, mais profondément intelligent et terriblement humain. Michaël Mention y conjugue avec brio tension narrative, profondeur psychologique et réflexion sociale. Ce n’est pas une simple dystopie. C’est un miroir. Un cri. Une alerte. Une œuvre percutante, effrayante parce qu’elle est crédible. Une lecture coup de poing à mettre entre toutes les mains, surtout celles qui pensent que tout ça, « ça n’arrive que dans les films ».
4ème de couverture :
Roman apocalyptique, Qu’un sang impur dissèque le vivre-ensemble dans une atmosphère à la John Carpenter, entre 28 jours plus tard et The Walking Dead .
Matt, jeune père de famille, savoure une bière en terrasse à Paris, quand se produit un étrange phénomène : toutes les feuilles des arbres tombent instantanément, avant qu’une onde de choc surpuissante ébranle la capitale. Attentat ? Séisme ? Explosion nucléaire ? À la suite d’un mouvement de panique sans précédent, et en l’absence d’informations, le président décide de confiner les habitants. Matt, Clem et leur fils de quatre ans se retrouvent prisonniers de leur immeuble en banlieue et tentent d’organiser le quotidien avec leurs voisins. Jusqu’à ce qu’une terrifiante épidémie gangrène la population…
Entre solidarité, lâcheté et sacrifice, jusqu’où Matt et Clem iront-ils pour survivre et protéger leur fils ?
[…] Article juste ICI […]
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