Nos étoiles contraires – John Green

« Tu m’as offert une éternité dans un nombre de jours limités, et j’en suis heureuse. »

Nos étoiles contraires - John Green
En librairie depuis le 19 octobre 2017 chez Pocket Jeunesse –  384 pages, 8.10€

Une histoire de maladie ? Pas seulement.

On croit parfois savoir ce qu’on va trouver dans Nos étoiles contraires : une histoire d’amour adolescente sur fond de maladie. Cliché. Déjà vu. Et pourtant… ce roman est bien plus que cela.

Hazel Grace Lancaster, 16 ans, est atteinte d’un cancer incurable. Elle vit branchée à une bonbonne d’oxygène, lucide, désabusée et terriblement intelligente. Elle n’attend plus grand-chose. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Augustus Waters, 17 ans, en rémission, mystérieux, drôle, flamboyant. Leur rencontre dans un groupe de soutien pour jeunes malades va bouleverser leurs deux existences.

Mais ce livre n’est pas un drame médical. Il ne cherche pas la pitié. Il ne parle pas de guérison miracle. Il parle de ce que c’est, vraiment, de vivre quand on sait qu’on va mourir jeune. De continuer à aimer, à rire, à lire, à désirer, à être pleinement vivant, même dans un corps malade.

Ce qui rend ce roman si poignant, ce sont les personnages. Et pas uniquement Hazel et Augustus, même s’ils portent l’histoire avec une intensité rare.

Hazel est une héroïne atypique : brillante, cynique, tendre mais toujours sur la réserve. Elle ne se laisse pas facilement attendrir. Elle repousse les autres pour ne pas leur faire de mal. C’est une adolescente qui a déjà compris l’essentiel de la vie, mais qui aimerait encore y croire.

Augustus, lui, est une comète. Il est lumineux, théâtral, imprévisible. Il est à la fois très jeune et terriblement mûr. Il ne veut pas « simplement » exister, il veut briller, laisser une trace, marquer l’Histoire. Mais derrière sa désinvolture, il y a une vulnérabilité bouleversante.

Leur alchimie est immédiate, mais jamais facile. Le roman évite la facilité d’un amour romantisé à l’extrême. Il nous offre quelque chose de plus vrai : deux êtres qui s’ouvrent l’un à l’autre, qui se révèlent, s’aiment et s’élèvent, malgré (ou grâce à) la finitude qui plane au-dessus d’eux.

John Green a cette capacité précieuse à écrire sur l’adolescence sans condescendance. Il respecte ses personnages, il ne les infantilise jamais. Il leur donne une voix, une complexité, une lucidité presque vertigineuse. Oui, parfois, leurs dialogues semblent trop matures pour leur âge. Mais c’est ce qui fait leur force. Ce n’est pas une imitation du réel, c’est une élaboration du vrai.

Certaines phrases sont devenues cultes et pour cause. Elles frappent. Elles restent. Elles donnent envie de les relire, de les noter, de les garder près de soi. Hazel et Augustus parlent comme des amoureux de la littérature, comme des êtres conscients de la fragilité du monde et c’est bouleversant.

Green parvient à alterner avec brio les scènes de rire (parfois hilarantes) et les moments de grande émotion, sans jamais tomber dans la mièvrerie. Le roman est construit avec finesse, densité et équilibre. Il fait pleurer, oui. Beaucoup. Mais ce ne sont jamais des larmes faciles. Ce sont des larmes pleines de sens.

  • Une histoire d’amour qui échappe aux clichés : Ce n’est pas une romance adolescente banale. Hazel et Augustus s’aiment avec finesse, lenteur et pudeur. Leur relation est faite de dialogues brillants, de silences éloquents, de références littéraires, de rires inattendus. Pas de déclarations criées dans la rue ou de grandes scènes mélodramatiques : ici, l’émotion vient de la simplicité, de la sincérité, de la peur partagée d’aimer dans un monde qui s’effrite.
  • Des personnages mémorables et puissamment humains : Hazel Grace est une héroïne aussi fragile que forte. Lucide, caustique, douce et déterminée à ne pas se laisser définir par sa maladie. Augustus Waters, lui, est inoubliable : drôle, élégant, complexe. Il incarne le désir de briller malgré l’injustice du sort. On s’attache à eux profondément, au point de les pleurer comme de vraies personnes quand on les quitte.
  • Une écriture poétique et accessible à la fois : John Green a une plume vive, fine, marquée par la beauté des métaphores et une grande sensibilité. Il écrit des dialogues qui sonnent comme des éclairs de vérité. Ce roman est truffé de phrases à souligner, à retenir, à murmurer quand on ne trouve plus ses propres mots. C’est une littérature « jeune adulte » qui n’infantilise jamais son lecteur.
  • Une réflexion universelle sur la vie, la mort et l’oubli : Nos étoiles contraires ne parle pas que du cancer : il parle de la peur d’être oublié, de ce qu’on laisse derrière soi, du poids d’exister dans un monde immense. C’est une méditation sur l’éphémère et le sens de nos actes. Hazel et Augustus posent les grandes questions que nous taisons souvent et c’est cela qui rend ce livre si bouleversant.
  • Un équilibre rare entre humour et tragédie : Ce roman vous fera pleurer, c’est indéniable, mais il vous fera rire aussi. L’humour noir, l’ironie brillante, les piques de Hazel et les métaphores exagérées d’Augustus désamorcent le pathos. C’est ce contraste qui rend l’émotion si juste : on est toujours entre un sourire et une larme, sur cette frontière si fine qu’on appelle la vie.
  • Un roman qui reste en vous longtemps après l’avoir refermé : C’est un livre qu’on termine le cœur lourd, les yeux rougis, mais aussi le cœur grand ouvert. Il vous fera réfléchir à vos propres choix, à vos peurs, à vos amours. Il appartient à cette catégorie rare de romans qu’on n’oublie pas. Qui marquent. Qui laissent une trace. Une étoile, peut-être.

Nos étoiles contraires est une lecture qui laisse un avant et un après. C’est un roman qu’on referme avec les larmes aux yeux, le souffle un peu court, mais aussi l’envie d’aimer plus fort, de vivre plus intensément, de dire les choses avant qu’il soit trop tard.

J’ai attendu des années avant de me plonger dedans. Et je regrette presque de ne pas l’avoir lu plus tôt. Mais peut-être fallait-il que je le lise maintenant, à un moment où je pouvais pleinement recevoir ce qu’il avait à me dire.

Si vous cherchez une lecture qui bouleverse, qui touche au cœur sans jamais trahir l’intelligence du lecteur, ce roman est fait pour vous. Et si vous l’avez déjà lu… peut-être est-il temps de le relire.


Hazel, 16 ans, est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu’elle s’y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d’autres jeunes malades.

C’est là qu’elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l’attirance est immédiate.

Un commentaire

Répondre à Juillet 2025, que s’est-il passé ? – Black Books Annuler la réponse.