« … Vos ancêtres n’ont pas pas pris conscience qu’ils prenaient quelque chose qui ne leur appartenait pas. […] Nous ne sommes pas nés uniquement pour vous satisfaire. »

Un pari narratif audacieux
Bernard Werber est un auteur incontournable. Avec sa plume singulière, il réussit depuis des décennies à mêler science, spiritualité, philosophie et imaginaire. Il a exploré les fourmis, les chats, l’au-delà… et cette fois, il s’attaque à un sujet aussi poétique qu’ambitieux : donner littéralement une voix aux arbres.
C’est un pari audacieux, et je dois reconnaître que j’ai ouvert ce roman avec beaucoup de curiosité. Comme souvent avec Werber, mon ressenti est contrasté : j’ai trouvé certaines choses passionnantes et d’autres moins. Mais qu’on aime ou qu’on reste sceptique, ce livre a le mérite de faire réfléchir.
Faire parler les arbres pouvait sembler « casse-gueule ». Pourtant, Werber ne tombe pas dans le piège de l’anthropomorphisme. Il ne cherche pas à les “humaniser”, mais au contraire à mettre en avant leur différence radicale avec nous.
L’arbre, dans sa lenteur et sa sagesse millénaire, apparaît comme une entité pure et détachée des passions humaines. Là où nous sommes pressés, bruyants, destructeurs, lui incarne la continuité, la mémoire et une forme d’harmonie. Ce contraste est l’une des forces du roman : il nous place face à une temporalité qui nous dépasse et nous oblige à relativiser nos existences éphémères.
Un message écologique puissant
Là où Werber excelle, c’est dans sa capacité à glisser de la réflexion scientifique et écologique au cœur d’un récit accessible. Il met en lumière un fléau écologique bien réel : notre incapacité à respecter les forêts, à comprendre ce qu’elles représentent pour la planète.
Ce qui m’a plu, c’est que ce message ne sonne jamais moralisateur. On n’a pas l’impression de recevoir une leçon, mais plutôt une invitation à regarder le monde autrement. Le roman devient une métaphore : et si la clé de notre avenir se trouvait dans notre capacité à écouter la nature au lieu de l’exploiter ?
Werber nous rappelle avec poésie que les arbres sont bien plus que des décors. Ils sont des gardiens, des témoins, des êtres vivants à part entière.
Mais un attachement qui fait défaut
Là où le bât blesse, pour moi, c’est du côté des personnages. J’aurais aimé être plus émue, plus impliquée. Rose, Sylvain, même le chêne millénaire… aucun ne m’a réellement touchée. Leurs trajectoires sont intéressantes mais manquent de chair, d’émotion brute.
C’est un gros point faible, car dans un récit où l’idée est forte, les personnages devraient être le liant émotionnel qui nous entraîne. Ici, j’ai lu avec intérêt, mais sans ressentir cette proximité, cette empathie qui transforme une lecture en coup de cœur ou à minima en excellente lecture.
Les bonnes et moins bonnes raisons de lire La voix de l’arbre
Les bonnes raisons :
- Pour l’audace de Werber, qui ose donner une voix aux arbres.
- Pour la réflexion écologique, actuelle et urgente, traitée sans lourdeur.
- Pour ce mélange unique entre thriller, fable philosophique et vulgarisation scientifique.
- Pour la poésie qui se dégage de l’idée de mémoire millénaire des arbres.
- Parce que c’est une lecture qui interpelle et pousse à réfléchir, même après l’avoir refermée.
Les « moins » bonnes raisons :
- Des personnages peu incarnés, qui peinent à susciter de l’empathie.
- Une émotion en demi-teinte, qui limite l’impact de l’histoire.
- Une intrigue qui séduira plus par son concept et son message que par sa dimension humaine.

En bref :
La voix de l’arbre est un roman imparfait mais marquant. Si l’attachement aux personnages laisse à désirer, l’idée centrale est brillante et Werber réussit encore une fois à proposer un récit qui mélange divertissement et réflexion.
Ce que je retiens surtout, c’est la force du message : une invitation à repenser notre rapport à la nature, à ralentir, à observer, à écouter. Car peut-être que les solutions à nos crises actuelles ne se trouvent pas uniquement dans la technologie ou la politique, mais dans une attention nouvelle portée au vivant.
En refermant ce livre, on ne regarde plus les arbres de la même façon.
4ème de couverture :
Si les arbres pouvaient s’exprimer, que nous diraient-ils ?
Rose, jeune scientifique déterminée, a suivi son compagnon au coeur de la plus ancienne forêt de France. Il veut lui faire partager son émerveillement et sa passion pour un chêne millénaire d’une rare beauté. Mais le spectacle tourne au drame lorsqu’une lourde branche tombe de l’arbre et tue le jeune homme sur le coup.
Accusée du meurtre, traquée par la police, Rose décide de fuir, le temps de prouver son innocence. Alors que tout l’accable, une solution, aussi surprenante soit-elle, se dessine : communiquer avec ce grand chêne, témoin du drame. Aidée de Sylvain, botaniste aussi original que génial, elle élabore une machine capable d’une telle prouesse : un Arbrophone. Ce qu’elle va découvrir dépasse de loin le cadre de l’enquête policière…
Dans ce suspense haletant, entre aventure, science et passion, Bernard Werber nous révèle un univers merveilleux et nous reconnecte à l’énergie vitale des forêts.
[…] Note : 3.5 sur 5. If we were vilains – M.L. Rio Toutes ses fautes – Andrea Mara La voix de l’arbre – Bernard Werber […]
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[…] Black Books […]
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