Le jour où Rose a disparu – Julien Sandrel

« Le problème, c’est moi. Moi qui pensais avoir avancé, être prête à renaître, et qui ai rechuté, rattrapée par mes insécurités les plus profondes. »

Le jour où Rose a disparu - Julien Sandrel
En librairie depuis le 1er octobre 2025 chez HarperCollins400 pages, 20.90€

Certaines renaissances font trembler plus d’une vie

Julien Sandrel fait partie de ces auteurs qu’on reconnaît sans avoir besoin de lire la couverture. Sa plume, d’une sincérité lumineuse, répare les âmes et réconcilie les lecteurs avec le monde. Chacun de ses romans est une promesse : celle de retrouver un peu de douceur, d’humanité et d’espérance dans un univers parfois trop dur.
Mais avec Le jour où Rose a disparu, il surprend. Il bouleverse. Il prend un tournant plus sombre, plus viscéral, plus engagé, tout en conservant ce souffle romanesque et cette bienveillance qui font sa marque. C’est un livre qui secoue, qui interroge, qui ne se contente pas d’émouvoir : il fait réfléchir, et c’est sans doute son œuvre la plus accomplie à ce jour.

Le récit s’ouvre sur deux femmes que tout oppose mais que le destin finira par relier.
À Toulon, Aïda, employée à la Maison des femmes, accompagne celles qui tentent de se reconstruire après les violences. Empathique et forte en apparence, elle cache pourtant ses propres failles, comme si aider les autres l’aidait à tenir debout.
À Bruxelles, Rose se réveille à l’hôpital, amnésique, le corps marqué et un numéro à moitié effacé sur la peau pour seul indice de son passé.
Deux femmes, deux blessures, deux quêtes qui s’entrelacent peu à peu, rejointes par une troisième voix, Ophélie, et par celle, mystérieuse, d’une narratrice anonyme. Dans ce tissage subtil de voix féminines, Julien Sandrel compose une partition sensible où douleur et lumière finissent par s’accorder.

L’un des aspects les plus bouleversants du roman est sans doute la manière dont l’auteur met en scène la Maison des femmes. Inspiré de lieux réels qui existent en France, cet espace symbolise la reconstruction, la solidarité et la dignité retrouvée.
Sandrel n’en fait pas un décor, mais un personnage à part entière. Il décrit avec une justesse poignante ces femmes qui se reconstruisent, qui réapprennent à parler, à ne plus avoir honte, à ne plus se sentir seules.
Aïda, dans sa fonction d’auxiliaire de puériculture, accompagne ces renaissances avec douceur et patience. Elle incarne cette sororité réparatrice que l’auteur place au cœur du récit.

Le roman pose alors une question essentielle : comment continuer à vivre après la violence ? Et surtout, comment transformer la douleur en force, la peur en mouvement ?
Julien Sandrel répond par la lumière, sans nier l’ombre. Il ne minimise jamais la souffrance, mais il la transforme, la transcende. Il montre comment ces femmes se réapproprient leurs histoires, comment elles font de leurs cicatrices non plus une marque d’infamie, mais une preuve de survie.

Avec Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel emprunte une voie plus grave, plus ancrée dans la réalité. Il y aborde des thèmes forts — la violence conjugale, la mémoire traumatique, la perte de soi — avec une justesse remarquable. Rien n’est appuyé, rien n’est gratuit : chaque mot semble pesé, chaque silence a du sens. L’émotion ne naît pas du drame, mais de la pudeur avec laquelle il le raconte.

Et pourtant, malgré cette noirceur, la lumière Sandrelienne demeure. Chez lui, la douleur n’est jamais une impasse mais un passage, un tremplin vers une forme de renaissance. Là où beaucoup d’auteurs auraient choisi la colère ou la dénonciation frontale, lui choisit la réconciliation. Il n’oppose pas les genres, il ne condamne pas : il cherche à comprendre, à apaiser, à réparer. Ses héroïnes, Aïda, Rose et Ophélie, ne cherchent ni vengeance ni oubli, mais une manière de redevenir vivantes. C’est cette posture profondément humaniste qui donne au roman toute sa puissance et en fait plus qu’une simple fiction : une déclaration de foi en la résilience humaine.

La mémoire traverse le roman comme un fil rouge. L’amnésie de Rose devient le symbole d’une mémoire collective blessée, de ces vies de femmes effacées, tues, parfois niées. En cherchant à recoller les morceaux de sa propre histoire, Rose fait écho à toutes celles qui tentent de se réapproprier leur passé. Julien Sandrel mêle ainsi la quête intime d’une femme à une réflexion plus large sur la transmission : ce que l’on tait pour survivre, ce que l’on doit affronter pour se reconstruire.

Comme souvent chez lui, la filiation occupe une place centrale. Les liens entre générations, les souvenirs, les lettres, les fragments du passé deviennent autant de clés pour comprendre le présent. Le lecteur assemble peu à peu le puzzle de ces vies entremêlées, à mesure que la vérité se dessine avec pudeur et émotion. Ce travail d’assemblage, proche d’un roman à énigme, sert une seule idée : il faut regarder la douleur en face pour lui rendre sa lumière.

  • Pour redécouvrir un auteur sous un jour nouveau : Julien Sandrel garde sa lumière, mais ose ici un ton plus grave, plus ancré dans le réel. Il élargit sa palette émotionnelle, sans perdre son humanité.
  • Pour la puissance de ses héroïnes : Aïda, Rose et Ophélie sont des femmes qui tombent, doutent, se relèvent. Elles ne sont pas idéalisées, mais profondément humaines. Elles incarnent la complexité du féminin contemporain.
  • Pour la justesse du propos : La question des violences faites aux femmes est abordée avec respect et intelligence. Rien n’est gratuit, tout est vécu, incarné, sensible.
  • Pour la beauté de la construction narrative : Roman choral, entrecroisé, aux voix multiples : Sandrel tisse un véritable puzzle émotionnel, à la frontière du drame psychologique et du roman à suspense.
  • Pour la force du message : Le roman n’est pas une histoire de douleur, mais une ode à la résilience. Il rappelle qu’il est possible de guérir sans effacer, d’avancer sans renier.
  • Parce que la lumière Sandrelienne est intacte : Même dans l’obscurité, Julien Sandrel continue d’écrire avec tendresse et foi en l’humain. Et cela, dans le paysage littéraire actuel, est une forme de résistance.

Avec Le jour où Rose a disparu, Julien Sandrel signe un roman bouleversant, à la croisée du drame intime et de la fresque humaine.
Il explore la mémoire, la douleur, la reconstruction, mais toujours avec cette conviction intime que la lumière finit par revenir.
Ses personnages ne cherchent pas à effacer leurs cicatrices : ils apprennent à les regarder autrement.
C’est un roman sur la transformation, sur la possibilité de redevenir soi après la perte, sur le pouvoir salvateur de la parole et du lien.

L’auteur nous rappelle, une fois encore, que les plus grandes blessures peuvent devenir des forces.
Et qu’au bout de l’obscurité, il y a toujours, toujours, un chemin vers la lumière.


Certaines renaissances font trembler plus d’une vie
À Toulon, Aïda est embauchée à la Maison des femmes, un lieu unique où l’on soigne et accompagne celles qui tentent de se relever de violences. Peu à peu, elle s’attache à cet endroit à part, à ses patientes, à son équipe… mais  reste sur ses gardes avec le jardinier bénévole, dont les silences la  dérangent autant qu’ils l’intriguent.
À des centaines de kilomètres de là, Rose ouvre les yeux dans un hôpital de Bruxelles. Elle n’a plus aucun souvenir de sa vie d’avant. Le seul indice dont elle dispose, c’est cette inscription griffonnée sur sa hanche : un numéro de téléphone et un prénom, à moitié effacés.
Rose et Aïda ne se sont jamais vues, ne se connaissent pas.  Elles ne savent pas encore que leurs destins sont intimement liés.
Julien Sandrel nous entraîne dans un roman à couper le souffle, où les émotions frappent le coeur et les rebondissements tiennent en haleine jusqu’à la dernière page. Une histoire puissante, incandescente, traversée de lumière, de rage de vivre et d’espoir. 

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