Le crépuscule de la veuve blanche – Cyril Carrère

« Après avoir lutté si longtemps, elle voulait accueillir le bonheur, lui dérouler le tapis rouge, refermer ses bras sur lui et le retenir de toutes ses forces. »

Le crépuscule de la veuve blanche - Cyril Carrère
En librairie depuis le 8 octobre 2025 chez Denoël –  400 pages, 22€

Le retour saisissant de la Cellule Sakura

J’avais beaucoup aimé La Colère d’Izanagi, premier tome de la saga de la Cellule Sakura, et j’attendais la suite avec impatience.
Eh bien… Le Crépuscule de la Veuve Blanche a dépassé toutes mes attentes.
Un seul mot : wahou.
Cyril Carrère signe ici un thriller magistral, à la fois haletant, profondément humain et terriblement dérangeant. Il reprend les codes du polar tout en leur donnant une dimension émotionnelle et sociétale rare.
Ce roman, c’est à la fois une enquête, un cri, et une plongée dans les zones d’ombre du Japon contemporain.

Deux temporalités s’entrelacent : l’une qui démarre en 2009, l’autre en 2024, et Cyril Carrère les tisse avec une maîtrise redoutable. Le lecteur passe d’une époque à l’autre sans jamais perdre le fil, fasciné par ce puzzle narratif d’une précision chirurgicale. Hayato Ishida et Noémie Legrand, membres de la Cellule Sakura, se lancent à la recherche de Kudo, disparu. Ce fil rouge sert de point d’ancrage dans un Japon où tout vacille, entre disparition, silence et culpabilité.

Ce qui fait la force du roman, c’est la justesse de son regard sur le pays du soleil levant.
Cyril Carrère y vit, et cela se ressent dans chaque page : le décor, les silences, les non-dits, les contradictions d’une société fascinante mais traversée par des blessures profondes.


Le sujet des évaporés, ces hommes et femmes qui choisissent d’effacer toute trace d’eux-mêmes, est abordé avec un rare respect. L’auteur m’a confié :

“C’est un sujet terrible au Japon. Il fallait que je sois extrêmement juste et humain dans l’approche, d’autant plus que j’ai mis à jour des choses totalement inédites sur la question des évaporés (le Réseau).”


Et cette justesse, on la sent à chaque instant.
Il y a là un vrai travail d’enquête, une recherche approfondie, une volonté de comprendre plutôt que de juger. Sous le vernis du thriller, le roman devient un miroir social bouleversant.
Cyril met aussi en lumière les failles du système policier nippon, notamment la protection excessive de la vie privée qui entrave parfois les enquêtes, et interroge la moralité de ces disparitions volontaires.
À quel moment la liberté individuelle devient-elle une fuite ?

Mais ce qui m’a aussi marquée, c’est la manière dont l’auteur parvient à rendre humaine une tueuse impitoyable.
La “Veuve blanche”, figure monstrueuse dans la légende urbaine, devient peu à peu une femme complexe, tragique, presque émouvante.
C’est toute la puissance de l’écriture de Carrère : transformer la peur en compassion, le crime en tragédie.
À travers les personnages de Kudo, Ishida, Noémie ou même La Veuve Blanche, il explore aussi la douleur, la culpabilité, la mémoire, et surtout la relation mère-fille, fil émotionnel discret mais bouleversant.

  • Parce que c’est un thriller haletant et intelligent, qui mêle suspense, émotion et réflexion sans jamais perdre en rythme.
  • Parce qu’il aborde un sujet rare et méconnu – celui des évaporés – avec une humanité et une rigueur impressionnantes.
  • Parce que la construction narrative à deux temporalités est un modèle d’équilibre et de tension.
  • Parce qu’on retrouve avec bonheur la Cellule Sakura et ses personnages, toujours plus profonds et attachants.
  • Parce que la plume de Cyril Carrère, précise, sensible et d’une grande justesse, éclaire les ténèbres sans jamais les trahir.

Dans Le Crépuscule de la Veuve Blanche, Cyril Carrère explore les recoins les plus sombres de l’âme humaine, mais aussi cette lumière fragile qui persiste, même au bord du gouffre.
C’est un roman qui parle de disparition, de mémoire, d’amour et de honte. Un livre qui remue, qui questionne, et qui laisse une trace durable.
Ce thriller, c’est le Japon comme on le voit rarement : pas celui des néons et des cerisiers en fleurs, mais celui du silence, des blessures enfouies, des âmes perdues.

Un polar d’une intensité rare, à la fois captivant et profondément humain. Cyril Carrère signe un roman d’enquête et de conscience, où la vérité n’est jamais simple, et où même les monstres ont une histoire à raconter.
Un thriller japonais comme on en lit peu, aussi documenté qu’émouvant, qui confirme tout le talent et la singularité de son auteur. Un conseil : lisez-le !!!


Rien ne sert de mourir, il faut savoir disparaître. Un youtubeur suscite l’engouement en remettant en lumière l’histoire de la Veuve blanche, une tueuse en série aujourd’hui disparue qui a terrorisé Tokyo au début des années 2000. Lorsque Junichi Kudo, détective privé dont le destin a été broyé par cette femme apprend que d’autres crimes ont été commis selon le même modus operandi, il décide d’enquêter. Il s’engouffre seul dans le monde des « évaporés », où la Veuve blanche pourrait avoir trouvé refuge. Bientôt, il disparaît à son tour. Hayato Ishida et Noémie Legrand, de la cellule Sakura, partent sur ses traces. Ils plongent dans les méandres d’un Japon fracturé et mettent au jour un puzzle funeste, où les fantômes d’hier continuent de hanter le présent.

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