8,2 secondes – Maxime Chattam

« Parce que nous ne sommes qu’émotions, et tu sais ce que c’est, une émotion ? C’est une marque sur le disque plat et lustré de l’existence. »

8,2 secondes - Maxime Chattam
En librairie depuis le 5 novembre 2025 chez Albin Michel –  400 pages, 22.90€

Vingt ans d’amour littéraire… et un roman qui bouscule mes attentes

Maxime Chattam, c’est l’un de ces auteurs qui m’accompagnent depuis deux décennies.
Vingt ans que je lis chacun de ses romans avec une fébrilité presque enfantine. Vingt ans que je scrute chaque nouvelle publication, impatiente comme au premier jour. À mes yeux, il reste un auteur incontournable, dont la plume a marqué mon parcours de lectrice.
C’est donc avec cette affection inaltérable que j’ai ouvert 8,2 secondes.
Et… je dois l’admettre : ce roman m’a un peu déroutée.
Pas déçue,  jamais déçue au sens strict, mais déstabilisée, oui. Et un peu frustrée, aussi.

Le roman repose sur un duo féminin : May d’un côté, Constance de l’autre.
Deux trajectoires qui ne semblent rien avoir en commun, si ce n’est un secret qui les relie dans l’ombre. Leur alternance crée un rythme particulier — intriguant au départ, presque hypnotique.
Mais pour être honnête, ces allers-retours ont fini par créer chez moi une certaine longueur.
Pas un ennui, mais une impression de flottement : je ne savais pas du tout vers quoi Chattam m’emmenait, et parfois cette absence de lignes directrices m’a laissée en suspens.
Et puis, au deux tiers du roman, j’ai compris.
Le “moment Chattam”, celui où tout bascule, où les pièces du puzzle se réorganisent… est arrivé un peu trop tôt dans ma tête. J’aurais aimé être surprise jusqu’au bout, ce n’a pas été le cas.

Cependant, ce qui frappe dans ce roman, c’est son changement d’ambiance. On connaît Chattam pour son sens du spectaculaire, pour ses thrillers massifs, pour ses montées en tension violentes. Ici, il fait tout l’inverse : un récit plus intérieur, moins d’effets de manche, une tension psychologique qui s’insinue par petites touches, une atmosphère du quotidien teintée de menace.
Le danger ne se cache pas dans l’ombre, mais dans l’espace très étroit entre ce que l’on voit et ce que l’on croit voir. C’est une œuvre moins bruyante, moins explosive, mais travaillée avec une précision presque chirurgicale.
Chaque détail compte : un geste, un silence, un infime décalage dans la perception du réel.
On sent que l’auteur veut sonder quelque chose de fragile : le moment où la réalité vacille et où l’esprit laisse entrer l’inexpliqué.
Certaines descriptions deviennent soudainement inquiétantes. Chattam joue avec l’inconfort subtil, celui qui ne se voit pas mais qui se ressent.

C’est la partie difficile à écrire.
Oui, j’ai aimé 8,2 secondes.
Mais je suis loin de l’avoir adoré. Et ça me brise un peu le cœur de le dire. Il y a de très belles idées, une ambiance singulière, un vrai travail sur la perception et le mental. Il y a cette volonté de faire quelque chose de différent, de plus intime, de plus minimaliste, que je salue sincèrement.
Mais la magie n’a pas totalement opéré pour moi.
J’ai ressenti une petite distance, un manque d’intensité émotionnelle, un léger “décrochage” par moments.
Ce n’est pas un roman que je n’ai pas aimé, loin de là.
C’est simplement un roman qui n’a pas réussi à me marquer, et qui ne restera pas dans mon panthéon personnel chattamien.
Et pourtant, malgré cette légère déception intime, je reconnais la maîtrise, la finesse, l’ambiance.
L’auteur sait ce qu’il fait, il le fait même très bien, mais cela n’a pas totalement résonné en moi.

  • Pour découvrir un Chattam différent : plus intime, plus psychologique, moins spectaculaire.
  • Pour l’atmosphère étrange et subtile, où le quotidien devient inquiétant.
  • Pour le duel narratif entre deux femmes aux destins mystérieusement liés.
  • Pour la tension mentale, travaillée comme une faille qui s’ouvre doucement.
  • Pour un twist final maîtrisé, discret mais efficace.

8,2 secondes n’est pas mon Chattam préféré.
Mais c’est un roman intéressant, élégant, plus introspectif, où l’auteur explore un territoire nouveau : celui du doute, de la perception, du vertige intérieur.
Je l’ai aimé, mais sans ce frisson que j’attendais peut-être trop.
Et c’est aussi ça, être une lectrice passionnée : accepter que même nos auteurs chouchous ne nous touchent pas toujours de la même manière.
Je continuerai, bien sûr, à attendre chaque nouveau Chattam avec la même impatience démesurée. Parce que vingt ans d’amour littéraire, ça ne s’efface pas.


8,2 secondes :
C’est le temps qu’il faut pour tomber amoureux.
C’est le temps qu’il faut pour mourir.

May et Constance ne se connaissent pas. Mais un même secret les relie. Et les menace.
Un thriller psychologique envoûtant entre New York et les grands lacs de la frontière canadienne. Maxime Chattam nous entraîne dans un suspense Hitchcockien impossible à lâcher.

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