« Annihilation. »
Kinnakee, Kansas au cœur de l’Amérique, nous sommes en1985, un triple meurtre barbare et sordide a lieu dans une petite ferme en faillite. Patty Day, mère célibataire et deux de ses jeunes filles se font assassinées. Sur les murs, des croix inversées et des signes sataniques sont inscrits avec le sang des victimes. Libby, 7 ans survie en ayant pris la fuite et lorsqu’elle est interrogée, le nom du coupable sort de sa bouche comme un couperet. Ben Day, son frère aîné est désigné, jugé et emprisonné à vie. Aujourd’hui, Libby a la trentaine, taciturne et sans aucun but elle rencontre un petit groupe de fanatiques qui enquête sur ce qui s’est réellement passé cette nuit là. Elle se voit alors embarquée dans un passé douloureux où tout est mis en œuvre pour prouver l’innocence (à laquelle elle ne croit pas) de son frère. Par cupidité elle se lance à la recherche des acteurs de sa vie d’enfant. Mais jusqu’au toute cette histoire va-t-elle la mener ? Ben est-il réellement coupable ? Est-il emprisonné depuis 25 ans pour un crime qu’il n’a pas commis ?
Les lieux sombres de Gillian Flynn est un roman noir, très noir. Au-delà du thriller, c’est une histoire qui met en lumière la face sombre de l’Amérique des années 80. Un côté dark où la violence sociale, la pauvreté, la drogue, les dérives satanistes et l’enlisement sont mis à l’honneur pour peindre un tableau où les destins brisés se croiseront pour n’être plus qu’un gros sac de nœuds à dénouer.
Une quatrième de couverture prometteuse, une auteure connue et reconnue pour ses romans percutants, majoritairement adaptés sur le grand écran avec des têtes d’affiche à faire saliver les cinéphiles. Rien de plus naturel donc, que je me sois laissée tenté par ce livre et par cette intrigue qui a su titiller ma curiosité de serial lectrice endurcie. De plus, les nombreux avis sortis sur ce thriller sont généralement dithyrambiques et dressent Les lieux sombres comme un incontournable.
Quelle ne fût donc pas ma déception…Oui, oui vous avez bien lu. Je ne dis pas que je n’ai pas aimé ce livre. Mais je ne peux pas vous dire non plus que je l’ai aimé. Mon avis est plus que mitigé, l’histoire est incontestablement bonne, riche et profonde. Les clichés sont peu nombreux, c’est criant de vérité. Tout est exposé sans fard : un père déserteur et polluant, une femme au bout du rouleau qui n’arrive plus à joindre les deux bouts. Des enfants parfois innocents mais pas trop qui apprennent à vivre dans un monde difficile et rude. Même le côté sataniste exposé dans le roman n’est pas poussé au point de tomber dans l’absurde ou le grotesque. Tout est mesuré, pesé, sans futilité. Certaines scènes ont beau être d’une extrême violence pour le petit cœur fragile que je suis lorsqu’il s’agit d’animaux, elles n’en sont pas moins nécessaires pour expliquer et montrer au lecteur ce qui se passe vraiment dans la tête des personnages. Personnages qui sont d’ailleurs extrêmement bien construits, complexes. On peut voir que l’auteure ne laisse rien au hasard. Elle sème des petites graines pour nous amener à douter et ça fonctionne.
En lisant tout cela vous vous demandez sûrement d’où me vient ce sentiment de partage concernant ma lecture. Je n’essaie en aucun cas d’édulcorer mon avis, c’est simplement que je sais reconnaître ce qui est bon dans un roman même si je n’ai pas été réceptive. Je pense que je me suis clairement enlisée dans la plume de l’auteure, brute et parfois un peu vulgaire. L’importance que j’ai vis-à-vis de l’attachement que je peux ressentir pour un personnage est, je le sais, bien plus importante encore que l’histoire en elle-même. Or j’ai détesté Libby. Oui, il est rare que je sois aussi dure dans mes propos mais c’est vraiment ce que j’ai ressenti. Malgré son passé absolument tragique et abjecte, je n’ai réussi à avoir de l’empathie pour elle que lors des chapitres où elle était enfant. Adulte, je la trouve détestable bien que traumatisée. Étant le personnage qui raconte l’histoire, j’ai eu du mal à passer outre ce ressenti. J’ai, on peut le dire, subit ma lecture alors que je vois parfaitement pourquoi ce livre a reçu autant d’éloges. Cela rend ma frustration encore plus grande mais ça n’a pas pris avec moi et j’en suis la première déçue.
Après tout, on ne peut pas tous être d’accord et malheureusement pour moi, ma série d’excellents livres que j’enchaîne depuis plusieurs mois s’arrête aujourd’hui. Une ombre au tableau sans pour autant être un regret, j’ai tenté et même si ça n’a pas pris, j’en avais tellement envie que je suis tout de même satisfaite de l’avoir lu.
J’ai aimé, voire même adoré les films tirés des romans de Gillian Flynn (sachant que je ne les avais pas lu avant) et je continuerai à les regarder (d’ailleurs celui-ci a été adapté et je vais m’empresser de le voir) en revanche je n’ai pour le moment, aucune envie de réitérer l’expérience de lecture.
Peut-être changerais-je d’avis plus tard mais là… Ce petit goût amer me reste au fond de la gorge donc j’avale une tasse de thé et je passe à autre chose.