« Je me demande ce que signifie la popularité virtuelle pour ces adolescents. De nos jours, l’essentiel se joue sur le Net. Gommer les aspérités de sa vie pour se conformer à un idéal inaccessible constitue sans doute une pression supplémentaire. »

Le podcast du crime continue de captiver
J’ai découvert la série Six Versions un peu par hasard, en flânant en librairie il y a quelques années. Ce qui m’avait tout de suite attirée, c’était le concept original : un roman construit comme un podcast true crime, où un journaliste, Scott King, tente de comprendre un drame à travers six témoignages.
Pas d’enquête policière, pas de résolution spectaculaire. Juste des voix, des souvenirs, des non-dits, des contradictions. Et cette ambiance sonore qui semble vibrer entre les pages.
J’ai lu les trois premiers tomes en 2023 (mes chroniques sont à retrouver sur le blog) et après une longue pause “thriller”, je me suis enfin plongée dans le quatrième : Le Vampire d’Ergarth. Et quel plaisir de retrouver la plume si particulière de Matt Wesolowski
Retour à Ergarth : la légende du vampire
Cette fois, l’affaire nous emmène sur les côtes glacées de la mer du Nord. En 2018, le corps d’Elizabeth Barton, jeune vlogueuse de 24 ans, est retrouvé congelé dans la “Tour du Vampire”. Trois anciens camarades sont condamnés, mais comme toujours dans Six Versions, la vérité est bien plus complexe.
Scott King, fidèle à son format, rouvre l’affaire deux ans plus tard, en 2020, et nous livre six nouveaux témoignages, chacun apportant une pièce différente au puzzle.
Mais ici, l’auteur enrichit le dispositif : le roman alterne entre les vidéos YouTube retranscrites de la victime, les témoignages et les commentaires de Scott, imprimés en italique.
Ce mélange de voix et de médias rend la lecture ultra immersive. On a l’impression d’écouter un véritable podcast, casque sur les oreilles, happé par le mystère.
Le rythme est maîtrisé, le suspense présent du début à la fin, et le format très dynamique. On enchaîne les pages sans s’en rendre compte.
Ce quatrième tome ne révolutionne pas la série, mais il en confirme toute la force narrative : celle de raconter des drames humains avec justesse, sans sensationnalisme, simplement en laissant parler les témoins.
Les non-dits, les rancunes, les demi-vérités se dévoilent petit à petit, jusqu’à une fin subtilement dérangeante. Ce n’est pas le tome le plus fort émotionnellement (mon préféré reste le deuxième), mais il m’a tenue en haleine du début à la fin.
Les réseaux sociaux, nouveaux monstres modernes
Ce que j’ai particulièrement aimé ici, c’est le thème des réseaux sociaux, traité avec justesse et acuité.
Matt Wesolowski dénonce les dérives de la quête de visibilité, la pression du regard des autres, la frontière trouble entre intimité et performance.
Elizabeth Barton, cette vlogueuse en quête de reconnaissance, devient le reflet d’une génération obsédée par les likes et l’algorithme, jusqu’à s’y perdre.
C’est une critique fine, jamais moralisatrice, mais profondément lucide. L’auteur explore aussi les ravages sur les personnes plus fragiles, le basculement quasiment inévitable lorsqu’on est sous l’emprise de quelque chose ou de quelqu’un.
Les bonnes raisons de lire Le Vampire d’Ergarth :
- Un concept unique : un roman construit comme un podcast true crime captivant.
- Une alternance de formats (témoignages, vidéos, narration) qui dynamise la lecture.
- Une atmosphère sombre, glaciale et terriblement immersive.
- Une réflexion pertinente sur les excès des réseaux sociaux.
- Une série cohérente et addictive, toujours portée par la voix singulière de Scott King.
Avec Le Vampire d’Ergarth, Matt Wesolowski continue de perfectionner un concept déjà brillant.
Chaque tome explore un nouveau décor, une nouvelle légende, de nouveaux secrets, mais toujours avec la même finesse psychologique.
Ici, il mêle réalité, superstition et drame humain dans un récit tendu, presque hypnotique.
C’est un roman qui se lit vite, mais qui laisse une trace.
Et si ce n’est pas le plus fort de la série, il confirme que Six Versions est une saga à part dans le monde du thriller : originale, intelligente et terriblement efficace.

En bref :
Entre podcast et roman, légende urbaine et tragédie moderne, Matt Wesolowski signe un nouveau tome glaçant et immersif. Le vampire d’Ergarth hante bien au-delà des dernières pages.
Un très bon moment de lecture, que je recommande à tous ceux qui aiment les thrillers originaux et les expériences narratives différentes.
4ème de couverture :
Bienvenue dans Six Versions, je suis Scott King. Cette saison, nous allons revenir sur le destin tragique de la vlogueuse Elizabeth Barton, décédée en mars 2018.
Hiver 2018. Au bord de la mer du Nord, dans la tour du vampire le corps d’une vlogueuse de 24 ans, Elizabeth Barton, est retrouvé congelé Trois de ses anciens camarades de classe sont rapidement condamnés pour ce meurtre. Certains doutent cependant de leur culpabilité 2020. Le journaliste Scott King, auteur du célèbre podcast Six Versions, mène l’enquête. Eni interrogeant les proches de la victime, il découvre l’existence d’un challenge funeste auquel s’adonnait la jeunesse d’Ergarth à l’époque du crime le défi Mort Dans Six Jours. Lequel semble étrangement lié à un mystérieux abattoir à l’écart de la ville…..
Dès lors, la sinistre légende du vampire d’Ergarth se dessine.
Retours sur les 3 premiers tomes :

Six versions, tome 1 : Les orphelins du Mont Scarclaw

Six versions, tome 2 : La tuerie MacLeod

Six versions, tome 3 : Le disparu du Wentshire
ICI
[…] 3.5 sur 5. Six versions, tome 4 : Le vampire d’Ergath – Matt Wesolowski 8,2 secondes – Maxime Chattam Quelque part avant l’enfer – Niko […]
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