» Quand la neige danse, Pupa à rien ne pense… Quand la neige danse… » se remit-elle à scander d’une voix d’enfant, de petite fille. La petite fille qu’elle n’avait jamais pu être. »
C’est en flânant dans le rayon Polar de chez Decitre à la recherche de nouvelles lectures que j’ai découvert Quand la neige danse de Sonja Delzongle. C’est en demandant conseil à Mathieu, libraire passionné (ces choses là se sentent!), lui disant un peu ce que j’aimais lire, voulant un thriller français qu’il m’a très rapidement orienté vers ce livre. -Mais je veux un auteur français. Lui ai-je répété; ne connaissant ni d’Adam ni d’Eve l’existence de Delzongle, j’ai été surprise lorsqu’il m’a confirmé l’origine du roman. Le nom ne me semblait pas être gaulois et je serais pour sûr passée à coté de cette merveille. Quelques temps plus tard, je suis retournée voir Mathieu pour le remercier, il avait vu juste, avait tapé en plein dans le mille, ayant bien cerné mes goûts littéraires, il a su m’ouvrir à la bibliographie de l’auteure.
Quand la neige danse est une histoire noire, comme je les aime. L’ambiance est glaciale. En plein cœur de l’hiver, nous partons pour Crystal Lake, près de Chicago, où les températures sont bien en dessous de la barre du zéro. Quatre petites filles disparaissent. Quatre poupées, habillées comme les petites lors de leur disparition sont envoyées aux familles respectives. C’est glauque. Doit-on y voir une forme de provocation de la part du ravisseur?
Lieserl, qui vient à peine de souffler ses quatre bougies fait partie des enlèvements, mais c’est sans compter sur Joe Lasko, père divorcé, prêt à tout pour retrouver son enfant. Entre en scène son amour perdu, aujourd’hui détective qui fait elle-même appel, vu la complexité de l’enquête à Hannah Baxter, profileuse reconnue de part ses pratiques peu conventionnelles. Armée de son précieux pendule, cette dernière se joint au duo pour commencer une chasse pleine de rebondissements et de suspens.
Véritable page-turner, Sonja Delzongle écrit ici un thriller intense, dur, crédible où même si vous n’avez pas lu le premier opus Dust (cruche que je suis, je ne m’étais pas renseignée avant) vous pouvez parfaitement suivre cette histoire. Entre maltraitance et folie humaine, je vous conseille de vous emmitoufler dans votre plaid préféré pour vous plonger corps et âme dans ce coup de cœur 2018.
Le frisson est garanti, d’autant plus que je tiens à vous signaler que ce récit aussi perturbant qu’efficace est inspiré d’un fait réel qui rendra votre lecture d’autant plus intense et angoissante. Difficile de croire que l’auteure est française tant le décor américain est bien planté. Il ne fait aucun doute qu’elle sait de quoi elle parle, que ses descriptions du lieu et de l’atmosphère qui y règne ne sont pas gracieusement tombées du ciel. Il est certains que ses recherches ont rudement bien été menées pour nous transporter à Chicago (enfin, juste à côté) et nous convaincre que nous ne sommes pas assis dans le canapé mais bien là bas, avec ce froid givrant, à être témoin de cette enquête hors du commun.
L’attachement pour les personnages ne se fait pas attendre, l’ambiance pesante est maintenue tout le long, les rebondissements sont spectaculaires et inattendus (ça fait du bien!). Ne cherchez pas à deviner la fin, il vous sera impossible d’explorer par anticipation les idées de l’auteure. Non pas qu’elle nous manipule en nous menant vers des pistes erronées, non, non, au contraire, elle construit, progressivement, avec une sincérité et une crédibilité à faire pâlir les plus aguerris, son dénouement final, telle la cerise sur un énorme gâteau. La claque !
Des émotions à tout va, des frissons à vous faire dresser les poils de la nuque, lorsque vous ouvrirez Quand la neige danse, attendez-vous à ne pas ressortir indemne de cette lecture. Là sont tout le pouvoir et la beauté de Sonja Delzongle.
Il me tarde de la rencontrer au Quai du Polar 2019, avec toute l'admiration que je lui voue, j'ai juste envie de lui dire… Bravo et merci.