» Franchement, la vie ne mérite-t-elle pas d’être vécue pour des moments comme ceux-là ? Ces moments où on oublie tout ce qu’on a pu supporter, endurer, même le pire. «
Une femme et un homme se rencontrent et semblent former (au premier abord) un couple parfait. Elle, elle tombe rapidement sous le charme fou de ce gars « trop beau pour être vrai« . Lui, il sait jouer de ses charmes. Tout s’enchaîne, ils sont jeunes mais ils se marient. Seulement, vu le titre de ce bouquin, vous vous doutez bien que les choses ne sont pas aussi idylliques qu’elles auraient du être. Derrière Simon, père de deux enfants, se cache un monstre (un vrai de vrai!).
Quand Jacques Expert se lance dans un roman, c’est, vous pouvez en être sûr, une histoire documentée et toujours écrite après maintes recherches de la part de l’auteur. Pour écrire La femme du monstre, il a rencontré des victimes d’hommes ayant sur elles une emprise plus redoutable que ce que vous pouvez imaginer. Ce livre ne raconte pas la vie d’une femme battue à proprement parlé. Ici, on plonge dans l’enfer d’une femme, d’une épouse, d’une mère qui, pendant 16 ans va vivre en compagnie d’un homme aux actions si terribles qu’elle préférera fermer les yeux.
Victime? Elle l’est bien évidemment. Complice? A vous de vous faire votre propre idée. Je pense qu’il y a une grosse différence entre voir la réalité en face et ne pas en assumer les conséquences et la nier en bloc afin de se protéger et de protéger sa famille. Le cerveau a une capacité exceptionnelle lorsqu’il s’agit de mettre des barrières de protection tout autour de vous. C’est à mon avis (et c’est subjectif) ce qui s’est passé pour cette femme qui nous raconte son histoire.
On passe au fil des pages du procès du monstre à leur vie commune qui l’a amené à se trouver sur le banc des accusés pour un crime effroyable. L’histoire est racontée à la première personne, c’est à NOUS qu’elle raconte sa vie, n’hésitant pas à utiliser ses mots à elle. L’impression qu’elle nous écrit une lettre ou qu’elle est allongée sur le canapé de son thérapeute (bien entendu, le psy dans l’histoire c’est nous, vous l’aurez compris)… C’est perturbant lorsque l’on sait que l’auteur est un homme. Cela ressemble à une sorte d’exutoire, à une façon de montrer au monde entier qu’elle n’est pas coupable des actes de son mari. Certains passages peuvent choquer (ou du moins nous consterner), car il est vrai que quand elle assume pleinement le fait d’avoir fermé les yeux devant certaines actions, on a juste envie de la secouer et de lui faire prendre conscience de ce que cela engendre. C’est simple lorsque nous sommes cachés derrière notre livre et qu’à part tourner les pages nous n’avons rien à faire…
Mais qui sommes nous pour nous permettre de telles accusations? Avons-nous juste la moindre idée de ce qu’est la vie à côté d’un monstre? J’espère sincèrement que non. Pour ma part je n’ai aucun jugement à porter. Cette femme, qui se bat pour ses enfants, pour garder un temps soit peu de dignité face à ce procès qui a fait voler sa vie en éclat est remarquablement forte. Tandis que Simon, son monstre de mari est complètement lâche.
Jacques Expert traite ici un sujet sensible, d’une façon assez déroutante de part son déroulé. Le texte est extrêmement bien rythmé et stylisé. N’espérez pas à vous attacher aux personnages, aussi bien construits qu’ils puissent être, tous deux sont tout de même de drôles de personnalités. Le roman est rudement bien mené jusqu’à la dernière page mais ne vous attendez à aucun rebondissement, le suspens n’est pas à son comble, mais comment pourrait-il en être autrement?
J’ai vécu cette (bonne) lecture davantage comme un témoignage que comme un thriller (catégorie dans laquelle le livre est répertorié). J’aime énormément Expert, d’autant plus depuis ma rencontre avec lui. Très bon journaliste, il est également un très bon écrivain et une très belle personne. La femme du monstre m’a d’autant plus marqué qu’il m’a dit avoir rencontré des femmes qui ont vécu des histoires similaires. Ne nous mentons pas, ça fait franchement froid dans le dos ! A vous de décidez si vous vous sentez prêts à vous jeter dans ce type de lecture. Aucun regret pour ma part.
Le fait qu’elle parle directement au lecteur en utilisant ses propres mots donne très envie en tout cas!
J’aimeJ’aime
Je ne comprend en effet pas pourquoi il est rangé dans les Thrillers, je trouve l appellation trompeuse car ceux qui cherche un vrai thriller ne seront pas forcément satisfait et ceux qui pourrait être intéressé par cette œuvre peuvent passer à côté à cause de la dénomination
J’aimeJ’aime