1) Pouvez-vous vous décrire en quelques mots afin de vous présenter aux lecteurs de Black-Books?
Loana Hoarau, autrice malsaine ! Celles ou ceux qui me lisent doivent avoir le cœur bien accroché.
2) Depuis quand écrivez-vous et comment vous est venue l’envie?
J’écris depuis près de 30 ans. L’envie d’écrire est arrivée vers l’âge de onze/douze ans, en regardant un dessin animé (les Chevaliers du Zodiaque) et c’est la révélation. Moi aussi, je voulais créer une histoire fantastique avec pleins de personnages et des intrigues.
3)Votre inspiration vient-elle complètement de votre imagination ou une petite part de réalité à toujours sa place?
Il paraît qu’il y a toujours une part de réalité dans ce que l’on écrit. C’est pour ça que je ne veux jamais m’identifier à une héroïne. J’y mettrais trop mes tripes, et je ne me sens pas prête à cela. Si vous regardez bien, tous mes perso principaux sont des hommes.
4) Quels sont vos auteurs préférés et pourquoi?
Adolescente j’étais une inconditionnelle fan d’Anne Rice, auteure que j’apprécie vraiment pour son style d’écriture fluide et très imagée. Pour mon vrai premier roman en 1992 (IMPIES), j’ai dévoré sa collection “Chronique des vampires”. J’ai peaufiné mon style d’écriture à ce moment-là. Plus tard, lorsque j’ai écris un roman de science fiction (MACROCOSME), j’ai lu en parallèle L’empire de l’Atome de A. E. Van Vogt, qui m’a beaucoup inspiré, malgré la complexité de son histoire. J’aime Bernard Werber et son Papillon des étoiles, Stephen King et son La petite fille qui aimait Tom Gordon. Un livre que je ne conseille pas si vous avez peur de vous perdre en forêt ! J’aime aussi les œuvres de Vladimir Nabokov, Patrick Senécal, Jack Ketchum et de Bret Easton Ellis. Enfin, j’ai découvert il y a peu Édouard Louis, Marie Neuser et Charles Bukowsky. (beaucoup de non thrillers, comme vous pouvez le constater ! )
5) D’où vous est venue l’idée d’écrire une histoire comme …. ?
Mathématiques du Chaos : J’ai toujours voulu écrire une histoire sur un enlèvement. J’avais écrit plusieurs fois cette histoire, sous d’autres titres, mais je ne trouvais pas la fin assez bonne. Pour un premier livre, je voulais que ça claque ! Et enfin je l’ai trouvé, ce final grandiose, une fin impossible à deviner pour le lecteur, et qui fait toujours son petit effet.
Buczko : Alors là c’est le bouquin qui m’a donné le plus de fil à retordre. Buczko à l’origine s’appelait Magenta. Un tueur psychopathe bien comme il faut. Et puis il y a eu cette histoire avec Natacha Kampusch, une fille retrouvée des années après son enlèvement. Et là, en lisant Magenta, il y avait des similitudes si proches entre les deux histoires que j’ai eu peur. J’ai arrêté d’écrire pendant 5 ans. C’est mon compagnon actuel qui m’a poussée à reprendre la plume. En écrivant Mathématiques du Chaos, je pensais à Magenta. Il fallait que je finisse ce livre. Je ne voulais pas le publier, mais mon éditeur m’a poussée à le faire, en disant que c’était un vrai tour de force et un roman qui avait marqué toute l’équipe.
Soleil à Vazec : C’est un livre que j’ai écrit après avoir vu un reportage sur l’esclavage moderne. J’ai trouvé ce sujet tellement flippant que je me suis lancée. Ce livre est écrit à la seconde personne du singulier, pour que le lecteur soit en pleine immersion.
Invisible(s) :Toujours dans le thème de la séquestration, j’ai voulu écrire une histoire qui se passe près de chez moi. En fait, c’est en regardant un épisode de « l’amour est dans le pré » que m’est venue l’idée du personnage Lucas, entouré d’une famille très, très malsaine. Comme mon éditeur est canadien, mon perso victime ne pouvait être que canadien ! Ça les a d’ailleurs bien fait rire.
EXUO :C’est un livre un peu différent des autres, car je parle de mysticisme et de rédemption. Beaucoup de lecteurs n’ont pas compris pourquoi je ne torturais pas comme d’habitude

L’histoire m’est venue dans un rêve. Un retournement de situation un peu fou, comme dans tous les rêves d’ailleurs, et je me suis dit « il y a quelque chose à faire avec ça ».
Carnaire (dans le recueil Projet 666) : J’ai voulu créer une histoire toute simple mais avec une forme d’écriture assez rare (voire inexistante ? ) dans le thriller. J’ai imaginé un dialogue entre deux petites filles, sans narration, sans explication, à la façon d’une pièce de théâtre mais sans les didascalies. Tous les droits du recueil (avec 6 auteurs différents) vont à une association pour les enfants maltraités, donc le sujet s’y prêtait.
À sa manière :C’est le petit frère de Buczko, comme je le dis. C’est très malsain. J’ai imaginé une histoire sur le thème de l’inceste. Quand on pense à inceste, on pense Père/fille, voire Mère/fils, voire Frère/sœur. Je suis partie sur l’idée que Frère/frère serait encore plus dérangeant.
Maestria :C’est le prochain livre, sur le thème du cinéma, car je suis une très grande fan du 7ème Art. Il y aura donc plein de références, mais à la sauce Hoarau.

6) Avez-vous un rituel d’écriture? Êtes-vous plutôt un écrivain du matin, du soir, de la nuit ou autre?
Quand je suis en vacances, j’écris un peu n’importe comment, quand l’envie me vient. Mais avec le travail, oui, il me faut un rituel. J’écris et note principalement sur un petit carnet dans le bus et le train, puis entre mes deux job ( j’ai environ deux heures de pause) . Le soir rentrée à la maison, je tape sur l’ordi tout ce que j’ai écrit dans la journée (le plus souvent devant un bon cappuccino et la PS4 de chéri en marche) ça me prend environ une petite heure.

Le week-end, j’imprime tout ce que j’ai écrit dans la semaine et je fais les corrections.
7) Êtes-vous sensible à la critique littéraire?
Quand je reçois des avis négatifs, forcément, ça ne fait pas plaisir. Mais s’ils sont constructifs, je prends. Et souvent, la critique était bonne. J’ai déjà eu des avis très malsains, où on me souhaitait de vivre que qu’une de mes victimes vivait, et ça fait très bizarre de lire ça, mais bon, ce sont les risques du métier

8) Êtes-vous écrivain à part entière ou exercez-vous une profession à coté ? si oui laquelle ? Que vous apporte-t-elle par rapport à votre travail d’écrivain ?
Oui, je travaille à côté, et c’est un boulot que j’adore ! Je travaille dans l’animation à la cantine scolaire, le périscolaire et l’aide aux devoirs. J’ai aussi donné des cours de lecture à des enfants de CP.
9) On dit souvent que l’auteur « fait passer un message » : est-ce le cas pour vous ? Si oui quel est ce message ?
Le message est simple : Si vous aimez écrire, alors ne vous en privez pas. On m’a souvent dit « Pourquoi tu n’écris que des horreurs ? Pourquoi tu n’écris pas des romans d’amour ? » Une fille, forcément, ça écrit du rose. Pour beaucoup de gens, en général. Moi je dis qu’il faut écrire ce qui nous fait vibrer. Et tant pis si ça choque. Il faut faire ce que l’on aime. C’est du déjà entendu, je suis d’accord, mais si vous saviez comme ça nettoie à l’intérieur

10) Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?
J’ai envoyé beaucoup de courriers dans des petites et grandes maisons d’édition en France. Mais tous des retours négatifs. Alors je me suis dit, quitte à écrire dans un style anglo-saxon, autant aller voir ailleurs ! J’ai contacté une maison au Canada ( ÉLP ÉDITEUR ) et elle a répondu positivement en très peu de temps. Et ça fait 6 ans que l’aventure continue

Un grand merci à cette auteure exceptionnellement douée et gentille ! C'est un plaisir pour moi d'ouvrir cette nouvelle rubrique avec Loana Hoarau qui m'a également accompagné lors de l'ouverture de mon blog.
Merci !
À vous 2 pour cet « entretien », on y apprends plein de choses.
Très intéressant.
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