« La ferveur et l’intensité qui l’accompagnaient à chaque lever du jour s’étaient lentement consumés à travers la ville, jusque dans son propre cœur. »
Ben a 20 ans. Voilà maintenant 5 ans que son petit frère, Eric, a disparu lors d’un passage au supermarché alors qu’il était sous sa surveillance. Aucune piste n’a pu mener la police ou même la famille à retrouver la trace de l’enfant. Malgré les centaines d’affiches et la volonté féroce de Ben pour retrouver son petit frère de 3 ans, rien ne se passe. A présent, il est temps pour ce jeune homme de trouver un travail, seulement, la seule réponse positive qu’il reçoit suite aux nombreuses demandes qu’il a pu faire, provient de ce si tristement célèbre supermarché. C’est ainsi que Ben se retrouve magasinier de nuit dans le lieu qui le hante depuis toutes ces années. Tout semble le pousser à découvrir la vérité sur ce qui s’est réellement passé ce jour. Ce jour où sa vie a basculé.
Bad Man est le deuxième roman de Dathan Auerbach, mais c’est le premier à être publié en France. C’est au détour d’un stand au festival Quais Du Polar 2019 que je l’ai aperçu, seul, à attendre les potentiels lecteurs intéressés par son livre. Ma curiosité m’avait déjà piqué et j’avais pour projet de l’acheter lors de sa sortie en poche. Seulement voilà… L’opportunité était trop belle pour que je ne la saisisse pas. J’ai donc eu la chance de rencontrer un auteur adorable et abordable, un brin timide et flatté par l’intérêt que je lui portais.
Son écriture fluide et ses chapitres courts sont vraiment l’atout principal de ce bouquin. L’intrigue est plutôt bien pensée mais les longueurs sont tout de même largement présentes. Je pense avoir misé un peu trop d’espoir sur Bad Man, au point de probablement en attendre beaucoup plus que ce qu’il nous offre réellement. Les personnages sont attachants et plutôt mystérieux, la ville est suffocante, sinistre et très bien décrite. On suffoque, on comprend l’ennui des personnages.
Il est possible de catégoriser ce livre de thriller psychologique mais je l’ai trouvé trop plat sur plus de 250 pages… Ce qui fait quand même beaucoup sur un total de près de 450… Cela ressemble à un rendez-vous manqué non? En même temps, je ne peux pas dire que cette lecture m’est complètement déplu. Je me sentais plutôt bien dans cette monotonie qui s’installe très vite au fil des chapitres. Ce ne fut pas avec une impatience incontrôlable que je me plongeais dans l’histoire mais de là à dire que j’y allais à reculons… non non non! Disons que je me suis laissée porter, sans rechigner.
On tourne en rond, on déambule, on attend le rebondissement, mais peut-être qu’il s’agit là d’une volonté de l’auteur. Celui-ci nous explique à la fin, qu’il s’est largement inspiré de son vécu et que le personnage de Marty (collègue puis ami de Ben) est le miroir de l’un de ses amis, avec qui il a travaillé de nuit dans une supérette miteuse. Ce climat peu propice à la surprise doit avoir été travaillé par Auerbach afin de nous donner une sensation d’étouffement et de lassitude, semblable à celle que ressent Ben. Malheureusement pour moi, l’ampleur de ce sentiment a été trop grande et a pris une place majoritaire dans ma lecture.
Il est vrai que la construction de ce roman est plutôt réussie sur un point: La boucle est bouclée entre le premier et le dernier chapitre, seulement le nombre de pages entre les deux est peut-être trop important. Bref… Vous l’aurez compris, le soufflé est retombé. Il est fort possible comme je vous l’ai dit (enfin écrit…) que j’en attendais beaucoup trop, ayant lu des avis assez positifs sur ce roman, je me suis probablement imaginé une toute autre chose. La promesse de la couverture « Osez le frisson » est peut-être un chouïa ambitieuse… Après, tous les goûts sont dans la nature, fort heureusement.
Je retiens tout de même l’ambiance pesante présente tout le long, l’écriture vraiment agréable de l’auteur mais surtout, sa sympathie lors de notre rencontre. Je refuse donc de rester sur ce petit goût amer et je suis certaine de faire partie des futures lectrices du prochain bouquin de Dathan Auerbach.