Animal – Sandrine Collette

« Le mérite, cela n’existe que dans le regard des autres. »

En pleine jungle népalaise, Mara, qui vie en autarcie dans sa petite cabane en bois, croise la route de deux enfants. Nun & Nin sont attachés à un arbre. Malgré l’envie folle de passer son chemin et de retourner à sa petite vie en pleine nature, elle ne peut se résigner à les abandonner. Non, non, pas avec les tigres qui rodent chaque nuit. Elle décide donc de fuir avec eux, quoi de mieux que de se cacher en plein cœur d’un bidonville afin de tenter de les sauver? Vingt années plus tard, une partie de chasse à l’ours plutôt impressionnante se déroule en pleine forêt russe. Lior est une habituée. Cette française emmène Hadrien, son mari, chaque année pour chasser des proies toujours plus convoitées. Cette année, c’est l’ours qui devient la cible de ce groupe chevronné de chasseurs. Lior se transforme, son œil affuté brille d’excitation et de concentration. La fascination que porte la jeune femme à cette pratique est inexplicable, Hadrien la suit sans la comprendre. Leur expédition n’était pas censée se dérouler comme ça. L’ours tant recherché est malin, il ne faut pas compter sur une éventuelle docilité, il ne se laissera pas attraper si facilement.

Sandrine Collette est réputée pour son style d’écriture noir et principalement centré sur la nature (humaine ou non). Une fois de plus, attendez vous à ce que celle-ci tienne une place prépondérante dans ce roman aussi sauvage que douloureux. J’ai hésité avant de me procurer ce roman. Plutôt sensible à la cause animale, l’idée de lire une histoire sur la chasse ne me séduisait absolument pas. C’est alors que je l’ai pris dans les mains, devant Sandrine Collette elle-même (au festival Quai du Polar de Lyon), voyant sûrement mon aversion en lisant la 4ème de couverture, elle a su trouver les bons mots. Me voilà rassurée lorsqu’elle me dit être de tout cœur contre la chasse.

Aller, je me lance. Comme à chaque lecture de cette auteure que j’affectionne énormément, je ne suis pas déçue. Évidemment je ne m’attends pas à des meurtres en série, je sais pertinemment qu’en ouvrant un Collette on sera sans dessus-dessous sans même sans rendre compte (du moins au début… Soyez avisez), Animal ne déroge pas à la règle. La profondeur de l’écriture, la noirceur de l’histoire sont vraiment bouleversants. Le dépaysement est total, comme chaque fois. Au delà du rapport homme/animal, effectivement très présent dans ce récit, il est également question du rapport humain à…humain! Une quête identitaire, la découverte de soi, des limites mais aussi des racines. C’est puissant.

La plume de l’auteur nous chatouille, tantôt pure et instinctive pour l’ours, tantôt primitive et sauvage (un tantinet rustique) pour le tigre. On se laisse balloter d’univers en univers, on tourne les pages, prenant conscience de l’immensité de la nature et de la complexité de l’Homme. Comment faire cohabiter deux mondes lorsque l’on n’arrive même pas à cohabiter avec soi-même? Retrouvez ici des questions existentielles, libre à vous d’interpréter la fin comme bon vous semble, Sandrine est libre d’écrire ce qu’elle souhaite, nous sommes libre d’y voir le message de notre choix. Cependant, si vous lisez bien entre les lignes et si vous connaissez un temps soit peu l’auteure, vous savez quelle direction prendre.

Un grand roman avec un grand panel d’émotions.

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