16 – Greg Buchanan

« La plupart des mensonges sont banals. La plupart des gens ne savent même pas qu’ils mentent, et si on les y prend, ils se justifient. »

Note : 3.5 sur 5.
En librairie depuis le 02 mars 2022 chez Calmann Levy Noir – 486 pages

Résumé éditeur :

Dans la campagne marécageuse et pittoresque d’Ilmarsh, les apparences sont malheureusement trompeuses…
L’inspecteur Alec Nichols et la vétérinaire Cooper Allen vont le découvrir à leurs dépens. Leur quotidien paisible vole en éclats le jour où ils se rendent sur la scène d’un crime atroce et unique : face à eux, seize cadavres de chevaux. Impossible de cerner le profil de ce tueur si spécial, ses intentions, ou de déterminer qui sera sa prochaine cible.
Les deux enquêteurs vont vite comprendre que le mal sommeille à Ilmarsh : mensonges, incendies, meurtres en série… personne ne sera épargné.
Cette petite ville tranquille survivra-t-elle à la vérité ?

Mon avis :

Ce polar est on ne peut plus perturbant, d’où le fait que je cherche encore quels mots utiliser pour vous en faire mon retour. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la plume. Elle est extrêmement bien travaillée, recherchée. Elle saute aux yeux des les premiers chapitres parce qu’elle change réellement de ce que j’ai l’habitude de lire. La construction du récit est parfois perturbante, quelques bonds dans le passé viennent entrecouper le présent sans qu’on s’y attende mais toujours avec compréhension. L’ambiance est pesante dans cette petite ville de Ilmarsh, les habitants sont assez énigmatiques, au même titre que nos personnages principaux dont on sait finalement, que très peu de choses. Imaginez un peu, vous vous promenez au petit matin avec votre chien dans l’un de vos champs et d’un coup… Vous voyez 16 têtes de cheveux qui dépassent de la terre. Perturbant non ? Quel est le message que le tueur souhaite envoyé ?

Pour être tout à fait honnête, je me suis régulièrement demandé où tout ça allait me mener. Je n’arrivais pas à relier les fils entre eux, je ne comprenais pas les liens qu’il pouvait y avoir entre les différentes découvertes, révélations et les différents personnages. . C’est peut-être pour cette raison que j’ai avalé les presque 500 pages en moins de 72 heures malgré mes journée de travail bien remplies. Impossible à lâcher, ce polar m’a vraiment intrigué du début à la fin.

Habituellement, j’ai besoin (je pense que maintenant vous le savez) de m’attacher aux personnages, si ce n’est pas à tous, au moins à un. Dans 16, rien n’y a fait, aucune attache n’est apparue et pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître (en tout cas pour moi), ça ne m’a nullement dérangé. J’ai eu l’impression que Cooper et Alec étaient aussi inaccessibles que cette enquête sombre et profonde. Ils font partis de cette ambiance pesante, cette intrigue dérangeante. Tout allait très bien ensemble : les décors, les protagonistes, les dialogues sans réelle interaction bref… Un mélange qui, sur le papier ne donne pas envie et qui pourtant offre au lecteur un moment littéraire hors du commun. Greg Buchanan nous livre un premier polar digne des plus grands, il maitrise les codes du genre avec brio mais n’hésite pas à s’en affranchir de temps en temps pour semer la pagaille dans le cerveau de son lectorat. Il instaure un suspense haletant, angoissant. Si je devais trouver une catégorie où ranger cet OLNI (objet littéraire non identifié), je dirai qu’il est avant tout un roman noir atmosphérique où chaque détail à sa place, où chaque phrase dite ou non-dite a son importance. Il sait parfaitement capter notre attention dès le 1er chapitre pour ne la lâcher qu’à la toute dernière ligne. Et encore… J’y pense encore !

Progressivement, l’auteur nous glisse quelques indices que j’ai été incapable de déceler pendant ma lecture mais qui m’ont ensuite sauter aux yeux lorsque j’ai découvert la vérité. Cette vérité d’ailleurs, elle est dévoilé d’une façon bien étrange, tout se passe vite, tout y est décrit comme si on avançait dans le noir et qu’on ne comprenait pas vraiment où nous sommes. Vous voyez, je vous disais au départ que je cherchais mes mots pour vous parler de ce polar.

Quand je dis que l’impression d’avancer dans le noir vous accompagne, j’entends par là le fait qu’il y a, à ce moment précis du livre, une réelle immersion dans l’enquête. Comme si, à la place du personnage, c’est nous qui sommes en train de tout découvrir. Cette capacité à nous transporter de la sorte, je ne l’ai que trop rarement vécu dans mes lectures précédentes. J’ai adoré sentir mes mains devenir moites, mon souffle devenir court, tentant comme je le pouvais de comprendre ce qui était en train de se passer. C’était brillant, audacieux et vraiment efficace.

pour conclure

Si je dois vous donner un seul et unique conseil pour découvrir la plume de Greg Buchanan, c’est de vous lancer sans vous arrêter. N’imaginez pas vous plonger dans ce livre quelques minutes par jour et ainsi le faire durer encore et encore. Foncez tête baissée et engloutissez le maximum de pages possible. L’immersion dans le décor, l’ambiance, l’intrigue en générale, nécessitent de vous y abandonner sans vous interrompre. Vous apprécierez d’autant plus votre rencontre avec l’auteur. Pour ma part, ça c’est fait naturellement et je ne peux pas imaginer que ce soit autrement. Ce n’est pas un polar de chevet qu’on ne prend qu’un tout petit moment avant de s’endormir. C’est un polar puissant, qui mérite qu’on lui consacre le temps indispensable pour l’apprécier à sa juste valeur.

Alors si vous aimez les romans noirs, les environnements mystérieux, les intrigues complexes et que vous avez quelques heures devant vous, je ne peux que vous conseiller d’ouvrir 16 et de partir visiter Ilmarsh, vous en reviendrez changé.

Dans une ville trop tranquille, des crimes comme on n’en a jamais connu…

3 commentaires

Laisser un commentaire