« C’est toujours quand on y croit plus que les choses arrivent. »

Résumé éditeur :
Fabrice est un lâche.
Plongé dans l’obscurité d’une salle de cinéma avec sa compagne, Juliette, il n’ose lui avouer ce qu’il a sur le cœur : il ne l’aime plus, depuis longtemps. Après le film, se dit-il. Après le film…
Pendant la projection, une bande son surprenante se superpose à celle de la romance choisie par Juliette. Des détonations, comme des chapelets de pétard les jours de fête. Des spectateurs se lèvent et retombent au sol. Le corps troué par les balles. C’est une attaque terroriste. Cela dure quelques minutes. Cela dure une éternité.
Quand tout est fini, Fabrice est l’un des rares à se relever. Juliette gît à ses pieds.
Commence l’errance de celui qui survit quand tant d’autres sont morts.
Celui qui trouve dans la policière qui l’interroge une lumière à laquelle se raccrocher. Une histoire d’amour comme une pulsion de vie.
Mais le sort s’acharne et la policière disparaît. Il est le principal suspect.
La cavale s’impose, même si Fabrice ne sait rien : ni comment on fuit, ni comment on se cache. Surtout pas comment on recompose une vie explosée.
Mon avis :
Je découvre Christophe Molmy avec La fosse aux âmes. Pour être tout à fait honnête, je n’avais jamais entendu parlé de lui en tant qu’auteur avant d’aller à Quais du Polar. J’étais véritablement curieuse de découvrir cette plume, ce style d’écriture, de narration notamment parce que l’auteur était Chef de BRI de Paris pendant la période des attentats de 2015 et qu’il est à ce jour Chef de la Brigade de protection des mineurs. Je pense, à juste titre qu’il sait de quoi il parle. Ses propos sont d’autant plus impactant qu’ils viennent directement d’une source policière confirmée. J’ai donc ouvert ce roman noir avec énormément d’attentes.
Comment se reconstruire après avoir vécu une telle épreuve ? Comment vivre avec la culpabilité du survivant ? J’imaginais principalement le livre tourné vers ces questions et je craignais une forte charge émotionnelle en le lisant mais finalement, tout s’est bien passé et mon petit cœur a survécu. Imaginez un peu que Fabrice n’arrive plus à se fixer de limites. Il est changé à jamais par les événements traumatisant qu’il a vécu et réagit donc d’une manière complètement inédite pour lui. Il a lui-même du mal à se reconnaître. Comment savoir si il serait tombé amoureux de Clarisse, policière rencontrée au Bastion dans d’autres circonstances ? Là, c’est un coup de foudre, un amour passionnel, sa raison d’être après avoir frôlé la mort. Cette liaison, c’est son eldorado, son chemin vers la résilience mais non, le destin en a décidé autrement et pour la seconde fois, Fabrice voit sa vie basculer. Non seulement, la femme qu’il aime disparaît mais en plus il est accusé. Ça fait beaucoup pour un seul homme non?
Son état psychologique, proche du point de rupture va le pousser à faire des choses insensées. La raison n’existe plus, seul le but final compte : retrouver Clarisse quel qu’en soit le prix. Sur son chemin il va donc faire et prendre des décisions assez radicales, n’hésitant pas à braver une multitude d’interdits puisqu’après tout, qu’a-t-il encore à perdre ? S’en suis alors une véritable course contre la montre, un jeu du chat et de la souris entre Fabrice et la police et Fabrice et la vérité. Plus rien ne l’arrête et nous lecteurs, sommes embarqués dans cette folie et cette dualité qui font de lui tant un homme brisé qu’un homme déterminé.
La plume de Christophe Molmy est directe, elle ne laisse pas de place aux non-dits, au suggestions. C’est franc, efficace et vraiment addictif. Je suis allée lire son témoignage concernant son intervention lors de la prise d’otage du Bataclan et c’est véritablement glaçant. Sachez que l’auteur nous épargne largement dans La fosse aux âmes, il nous épargne les détails et la réalité du terrain qu’il a vécu et je l’en remercie parce que je sais que j’aurais été incapable de lire ce livre autrement. Le titre prend tout son sens depuis que j’ai lu les mots qu’il a prononcé lors du procès des attentats du 13 novembre 2015 : « Il y a une image qui est terrible, qui ne me quittera jamais : il y a les morts, les blessés, et des centaines de personnes couchées, qui n’osent plus bouger. Le premier réflexe en voyant tant de corps est de me dire « ils n’ont pas pu tuer autant de personnes en si peu de temps, c’est impossible » »

La fosse aux âmes… C’est assez évocateur du traumatisme qu’à subit l’auteur. Pourtant son histoire prend un tout autre tournant et peut-être fut-elle exutoire pour lui? Je l’ignore, en revanche, ce que je sais c’est que son écriture et sa construction, la dynamique qu’il donne à son récit, sont excellentes et marquantes. J’ai un seul regret dans cette lecture, c’est qu’il m’a été difficile de m’attacher à Fabrice. Non pas que je sois insensible à ce qu’il a vécu et à ce qu’il vit, il m’a juste manqué ce petit quelque chose qui fait que ce personnage me touche plus que les autres. J’ai eu le sentiment que la profondeur du texte venait directement des événements plutôt que de ses personnages. J’aurais tant aimé m’y attacher et éprouver davantage d’empathie pour lui. Tant pis, on ne peut pas se forcer.
EN QUELQUES MOTS :
Je suis ravie de cette 1ère rencontre avec Christophe Molmy, j’ai particulièrement aimé sa plume et les mots qu’il utilise. Procédurier dans l’âme de part son métier, il n’en reste pas moins accessible pour tout un chacun et j’ai été happée par cette descente aux enfers qu’il fait vivre à Fabrice. Le sort s’acharne sur lui et le met à terre deux fois. La 1ère il se relève… La seconde… Il faut que vous le découvriez par vous-même. Même si, aussi étonnant que cela puisse paraître vu l’histoire, je ne me suis pas attachée à lui, j’ai tout de même vécu beaucoup de choses en lisant ce roman noir, ultra noir. Une belle découverte, une bonne lecture.

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