« Tu honoreras ton père et ta mère, y compris ton frère ainé. »
Lorsque l’Horreur porte un nom, celui-ci est Nell. Nell est un garçon, tout d’abord adolescent puis adulte, l’ainé d’une famille où maman quitte papa (pourquoi? Vous le saurez assez tôt…) Nell est un monstre, un manipulateur et un dominant hors norme. Il exerce sur son petit frère un pouvoir au delà du concevable. Subissant l’amour (- A sa manière -) de son grand frère, il vivra l’enfer durant de nombreuses années. Il subira maltraitance et viols à gogo. Il ne sera plus qu’une coquille vide. Il ne sera plus maître de lui-même. Il ne sera plus rien, si ce n’est la jouet de Nell.
Une fois de plus, Loana Hoarau tape fort. Très fort. A travers un récit court, écrit sous forme de journal intime, nous sommes catapultés dès les premières pages dans l’immondice des sévices qu’un humain peut faire à un autre humain. D’autant plus qu’ici, il ne s’agit pas d’une simple tragédie familiale. C’est bien plus que cela. Le(s) viol(s) sont incestueux, rarement sont mis en scène des personnages masculins dans ce type d’histoire. En choisissant de nous intégrer à l’horreur par le biais du texte qui commence par « Cher journal » nous sommes spectateurs et témoins directs de la vie de cet enfant sans rien pouvoir faire à part tourner les pages sans grand espoir d’amélioration. Il s’adresse indirectement à nous.
Pour les néophytes du genre Hoarau, qui se décrit elle-même comme une autrice malsaine, sachez qu’avant d’ouvrir l’un de ses livres, il vous faut vous assurer d’avoir un cœur bien accroché. Non pas qu’elle y décrit les scènes avec de nombreux détails salaces, loin de là ! Et croyez ma jeune expérience en la matière, les mots sont inutiles, votre esprit saura vous jouer des tours en imaginant par lui-même les atrocités que subit le jeune garçon. Elle arrive grâce à sa plume insidieuse à vous faire lire entre les lignes. Elle nous offre l’innommable sur un plateau, à nous de nous servir.
Pourquoi lire de telles lectures, me direz-vous? N’avez-vous jamais envie de pousser les limites du concevable? C’est avec un avertissement non négligé que je me suis lancée une fois de plus dans un roman de Loana Hoarau, je savais à quoi m’attendre (quoi-que…) mais j’y suis allée, tête baissée. L’auteure invente un genre nouveau du thriller psychologique et horrifique (disons les choses telles qu’elles sont) et pour rien au monde je ne passerai à côté. Certes, c’est difficile de s’imaginer qu’une telle histoire puisse sortir de la tête de quelqu’un mais n’est-ce pas ça que nous recherchons? Pourquoi faire semblant d’être offusqué? Si vous regardez de plus près les lectures que vous avez pu lire jusqu’ici, certaines histoires sont tout aussi horribles. La différence, franchement notable est qu’avec A sa manière, l’auteure ne se cache pas derrière des mots, elle y va, directe, sans prendre de gant. Elle met ses tripes (et les nôtres) sur le papier. Je vois cela comme une forme de courage extraordinaire car il est vrai que le public sera certes moins large que celui d’un auteur « lambda ».
Elle nous plonge dans les abysses d’une famille détruite. A vous de voir si vous avez la force d’y entrer. Une fois de plus, après Buczko (cliquez ici pour en savoir plus), j’ai tenté l’expérience et je n’en suis pas ressortie indemne. C’est ce que je recherchais, la bousculade, le choc, le malaise. Le livre n’est pas très long, j’ai envie de dire: heureusement! Parce que j’ai beau être une lectrice curieuse, qui aime sortir de sa zone de confort, j’ai quand même été sacrement secouée!
Vous en savez assez pour vous décider: soit vous vous lancez (en sachant que cette lecture est très honnêtement à la hauteur de ce que j’espérais) soit vous passez votre tour (en sachant que vous passez à côté de quelque chose de vraiment énorme!).
André Gide à dit « Choisir, c’est renoncer ». Mais si l’envie vous prend de vous secouer un peu, n’hésitez pas à contacter l’auteure sur Facebook afin de lui commander son livre. Sa gentillesse et sa disponibilité vous aideront à surmonter cette épreuve (- rire diabolique -).