« Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension. »

En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris – New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.
(Quatrième de couverture de l’édition Gallimard 2020)
Une grande première pour moi, j’ai lu un roman récompensé par le prix Goncourt (2020 pour L’anomalie). Jamais je n’ai été tenté par ce genre de lecture, pensant probablement à tord que ce genre de récompense était attribuée à des romans réservés à une certaine élite. Autrement dit, je ne m’y suis jamais intéressée pensant que je n’y comprendrais certainement rien du tout. Oui, oui je sais c’est une erreur! Mais voilà, Goncourt est un prix littéraire qui existe depuis 1903 quand même, donc j’ai eu une certaine appréhension c’est vrai. Vaut mieux tard que jamais il paraît, je viens de terminer L’anomalie de Hervé Le Tellier. Influencée par les médias et les réseaux sociaux puis complétement séduite par la quatrième de couverture et cette intrigue inédite dans ma vie de lectrice, je me suis lancée, je l’ai acheté et je l’ai lu dans la foulée.
Dès les premières pages, je me suis dit « Ah ouais quand même, c’est rudement bien écrit ! ». Le livre commence avec des chapitres qui chacun présente un personnage de l’histoire. Ils sont nombreux (8 c’est pas mal quand même!), je vous conseille de ne pas vous arrêter en cours de route. La plume de l’auteur est remarquable, il s’adapte complétement à la personnalité des différents protagonistes : tantôt poétique, tantôt dépressif, tantôt vaniteux, bref vous avez compris, c’est un vrai caméléon. A travers ce roman choral, j’ai particulièrement aimé le chapitre sur Victor Miesel, l’auteur. L’écriture est magnifique, les mots sont maniés d’une main de maître. C’est quelque chose quand même ! J’étais subjuguée par les premières pages qui annonçaient un livre grandiose qui aurait potentiellement pu devenir un coup de cœur.
L’engouement général concernant l’histoire a sûrement contribué au fait que, de ce roman, j’en attendais énormément. Difficilement qualifiable (en même temps il n’est pas obligatoire de coller une étiquette à un livre) il oscille entre roman initiatique, philosophique, dystopique, science-fiction ou même thriller. L’écriture magnifique tente de nous renvoyer l’image du miroir. Comment faire face à son double? Oui, c’est ce genre de question que vous allez vous poser.
Je comprends complètement pourquoi Hervé Le Tellier a reçu le prestigieux Goncourt, sa maitrise est parfaite tant pour la construction de son histoire que par le panel large et riche de ses personnages. De nombreuses questions existentielles sont posées ici, que ce soit au niveau de la science, de la psychologie, de la théologie et j’en passe. C’est dense et profond. C’est documenté et c’est parfaitement bien traduit, pas besoin d’être une personne érudite pour comprendre. Ouf.
Là où malheureusement ça n’a pas pris avec moi, c’est sur l’explication (qui n’en n’est pas forcément une d’ailleurs) du fameux phénomène que vivent les personnages. J’ai eu l’impression que la résolution de l’histoire ne collait pas du tout avec le style d’écriture que l’auteur nous a offert juste avant. D’autant que la crédibilité de la « réponse »… Non, je ne suis pas (mais alors vraiment pas) convaincue. La réaction des personnages face à leur nouvelle vie est grotesque. Lorsque les nombreux scientifiques tentent d’expliquer leur hypothèse sur cet étrange phénomène, mon ouverture d’esprit n’a pas suffit pour que j’adhère. Imaginez ma déception à ce moment là… J’avais tellement envie d’en prendre plein les yeux, j’espérais tellement me dire « Mais heureusement que tu as lu ce livre Marie ! ». Il n’en n’est rien. Je peux vous dire que je suis contente d’avoir lu ce roman dans le sens où l’écriture est si belle que j’ai pu prendre du plaisir de ce côté là et puis maintenant, je peux dire que j’ai lu un Goncourt sans avoir peur de rougir (préjugés quand tu nous tiens…)
Forcément c’est un livre qui marque. Pas forcément de façon positive mais quand même. Si vous êtes sensible aux histoires rocambolesques, je ne doute pas que vous saurez apprécier L’anomalie de Hervé Le Tellier à sa juste valeur. Moi je n’ai pas réussi, c’est dommage mais de vous à moi, je vais m’en remettre ne vous inquiétez pas.

[…] la première fois de ma vie, j’ai lu un prix Goncourt. L’anomalie de Hervé Le Tellier me faisait vraiment de l’œil, déjà par rapport au déchaînement […]
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