« Tôt ou tard, on entend aussi la voix des vaincus. »

Résumé éditeur :
Munich, 1931. Angela Raubal, 23 ans, est retrouvée morte dans la chambre d’un appartement de Prinzregentenplatz. À côté de son corps inerte, un pistolet Walther. Tout indique un suicide et pousse à classer l’affaire.
Sauf qu’Angela n’est pas n’importe qui. Son oncle et tuteur légal, avec lequel elle vivait, est le leader du parti national socialiste des travailleurs, Adolf Hitler. Les liens troubles entre lui et sa nièce font d’ailleurs l’objet de rumeurs dans les rangs des opposants comme des partisans de cet homme politique en pleine ascension. Détail troublant : l’arme qui a tué Angela appartient à Hitler.
Entre pressions politiques, peur du scandale et secrets sulfureux, cet événement, si il éclatait au grand jour, pourrait mettre un terme à la carrière d’Hitler. Et faire du commissaire Sauer, chargé de l’enquête, un témoin très gênant.
Avis :
L’ange de Munich est un roman vraiment passionnant. Tout d’abord, il s’agit d’une histoire vraie et complétement méconnue. C’est d’ailleurs ça qui m’a titillé quand j’ai lu la 4ème de couverture. Même si une part de l’histoire est de la fiction, le fond est basé sur des faits réels tirés de nombreuses archives que vous pouvez retrouver à la fin du livre. On plonge en plein cœur de la montée du nazisme en Allemagne, c’est perturbant. On se rapproche de très près de certains hommes qu’on aimerait ne jamais croiser : Joseph Goebbels, Hermann Goering, Heinrich Himmler et bien sûr Adolf Hitler. Autant vous dire que je n’ai pas toujours été à l’aise durant ma lecture.
A travers l’enquête que mènent les commissaires Sauer et Mutti, j’ai appris énormément de choses sur cette partie de l’Histoire. J’ai adoré suivre ces deux hommes dans leur quête de vérité, bien que les obstacles soient extrêmement nombreux, que les non-dits, les fausses pistes et les manipulations soient omniprésents, on découvre à travers ces pages un suspense incroyable. Leur personnalité intègre les rend vraiment attachants. Sauer est un personnage réel qui, a une époque difficile a fait un travail remarquable, j’ai énormément d’admiration pour lui.
C’est la première fois que je lis un roman de ce type (que de premières ces derniers temps !), il est difficile à catégoriser puisqu’une part est vraie et l’autre imaginée mais je dirais, à mon sens, qu’il s’agit d’un polar historique remarquable. Il n’y a aucune fioriture, l’auteur va à l’essentiel et ne tente pas de faire du sensationnel (c’est déjà assez dingue comme ça!). Je le trouve vraiment respectueux dans ses propos, dans ses mots. Il relate des faits sans jamais tomber dans une propagande inversée. Évidemment le NSDAP (parti national-socialiste des travailleurs allemands) n’est pas mis à l’honneur, cependant il n’y aucune réelle dénonciation. C’est à nous, lecteurs, qui pour la plupart connaissons cette partie sombre (dramatique) de l’Histoire qui nous faisons une idée. En toute honnêteté, celle-ci est très claire : difficile de donner du crédit à Hitler quand on sait ce qui se passera quelques années après.
J’ai pourtant fait (ou du moins j’ai essayé) abstraction du génocide et toutes ces horreurs que le nazisme a engendré après, pour me concentrer sur la montée en puissance de ce mouvement politique avant que la guerre n’éclate. C’est ça que j’ai trouvé passionnant. On nous parle (à l’école, à la TV etc…) de ce qui se passe à partir de 1939, mais avant cela, il y a quand même eu de sacrés prémices qu’il est difficile d’ignorer et cette intrigue se déroule en 1931… Ce qui nous donne un aperçu des évènements.
La mort de Géli (la nièce d’Hitler) est une énigme difficile voir même impossible à résoudre, surtout en ces temps difficile où la peur commence déjà a être profondément installée en Allemagne. Ce livre ne se dévore pas, il se lit doucement. Il n’est pas addictif, il est précieux. On l’ouvre en ayant (en tout cas pour ma part) de l’appréhension : qui va-t-on rencontrer ? Les dialogues avec les grands noms tristement célèbres des SS sont parfois difficiles, bien qu’imaginés. On aimerait les arrêter avant qu’ils ne commencent leur folie meurtrière, on tourne les pages en étant spectateur de cette machination et de cette propagande machiavéliques qui, on le sait, seront fatale à plus de 60 millions de personnes.
L’enquête autour de la mort d’Angela est passionnante. Victime d’une cause qui la dépasse, elle est restée secrète alors qu’elle aurait pu être la clé d’un avenir meilleur pour le monde entier. Fabiano Massimi a fait un travail de titan pour nous relater les faits aussi fidèlement que possible, L’ange de Munich est vraiment un livre à lire, ne passez pas à côté sans vous arrêter. Il est fort, puissant et je trouve, indispensable. Une claque pour la novice que je suis en polar historique. C’est en retenant mon souffle que j’ai lu les 50 dernières pages, le final est vraiment à la hauteur de la qualité du roman.
En conclusion, ma lecture a été intense, j’ai timidement été me renseigner davantage sur le web pour en savoir plus sur chacun des personnages, un peu honteuse de ne connaître d’eux, que ce que j’avais appris à l’école. Vraiment enrichissante bien que déstabilisante, je ne suis pas prête d’oublier cette parenthèse historique. Merci les éditions Albin Michel.

Si ce roman vous fait de l’œil, vous pouvez le trouver juste ici 🙂
[…] continuer dans la catégorie découverte, j’ai enchainé avec L’ange de Munich de Fabiano Massimi. Un polar historique basé sur un fait divers réel qui aurait pu chambouler le […]
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Bonjour et merci pour votre chronique ! J’ai moi aussi beaucoup apprécié cette lecture qui, à mon sens, s’inscrit bien dans les pas des romans de Philip Kerr et de son héros Bernie Gunther (d’ailleurs, j’ai parfois eu l’impression de le retrouver pendant la lecture en fondant les deux personnages policiers en une seul…). Vous avez raison, Fabiano Massimi a traité son sujet avec un grand sérieux tout en nous livrant un roman haletant ! Je recommande ! Bien cordialement.
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