« Lorsque maman s’en va, la famille s’éparpille, telle la limaille de fer quand on retire l’aimant. »

4ème de couverture :
Cornouailles, 1968. Pencraw, un grandiose manoir en ruine dans lequel les Alton élisent domicile l’été. Le temps semble s’y être arrêté et défile sans encombre. Jusqu’au drame qui vient bouleverser leurs vies et arrêter le temps à jamais.
Trente ans plus tard, avec son fiancé Jon, Lorna roule à la recherche du manoir des Lapins noirs, cette maison où elle a séjourné enfant. Elle rêve d’y célébrer son mariage. Tout dans cette vieille demeure l’appelle et l’attire. Mais faut-il vraiment déterrer les sombres mystères de ce manoir en Cornouailles ?
Eve Chase nous entraîne dans une passionnante spirale unissant deux femmes séparées par les années, mais que la force de l’amour et le poids des secrets réunissent en une seule voix, mélancolique et entêtante.
Ce que j’en ai pensé :
J’aime la littérature anglaise, l’ambiance qui s’en dégage, les paysages, les traditions. J’ai lu le mois dernier, Les filles du manoir Foxcote, que j’avais beaucoup apprécié, notamment grâce au mélange entre ambiance mystérieuse, secrets de famille et double temporalité. C’est exactement ce que j’ai retrouvé ici avec Un manoir en Cornouailles. Quel plaisir ce fût pour moi, vous imaginez bien. Le destin de deux femmes et plus généralement de deux familles va nous être raconté, tantôt en 1968, tantôt 30 ans plus tard. J’ai adoré suivre Lorna et Ambre, toutes deux aussi touchantes l’une que l’autre. Le mystère autour du manoir des Lapins Noirs reste entier jusqu’au dénouement, de quoi attiser ma curiosité jusqu’au bout. Des secrets de famille en veux tu en voilà, des drames mais aussi de très beaux moments. Il ne m’en fallait pas plus pour être conquise par le premier roman de Eve Chase. J’ai d’ailleurs bien l’impression que mon radar s’est mis en route pour guetter la prochaine parution.
Un manoir en Cornouailles…. Rien que le titre fait rêver pour la lectrice que je suis. Je me suis imaginée bouquiner au coin de la cheminée ou dans la cabane de Tobby, guettant ces lapins noirs dans le jardin. J’ai imaginer les rires de Kitty et de Barney. Ce décor est empreint d’une aura que seule l’auteure pouvait nous communiquer à travers sa plume sensible, poétique et fluide. De quoi nous projeter, nous permettre de nous y sentir chez nous. Lorsque le tableau se noirci, parce que oui, tout n’est pas rose là-bas, j’ai senti des petits picotements dans le ventre, redoutant le pire qui à chaque fois, est arrivé. N’imaginez pas lire une romance feel-good à l’anglaise. Bien que quelques éléments peuvent vous faire penser à cela, c’est avant tout un roman familial, où secrets, douleurs et enfance se mêlent. Vous allez adorer la plupart des personnages, en détester d’autres, vous allez les comprendre pour certains et avoir envie de les secouer pour d’autres. L’ensemble est parfaitement bien dosé, la double temporalité donne un rythme soutenu et appréciable et je n’ai souffert d’aucune longueur contrairement à ce que j’ai pu lire de la part d’autres lecteurs.
Une fois n’est pas coutume, l’ambiance qui règne au manoir est à elle-même, un personnage à part entière. Probablement la force de ce roman. Une telle histoire dans un décor lambda n’aurait de sens pour personne. Pourtant, l’auteure ne surjoue pas, bien au contraire. Un lieu de vacances idyllique qui, au fil du temps, au même titre que ses habitants, se délitera. Nous assistons à cela impuissant, spectateur. Un cocon familial qui explose, des enfants qui doivent surmonter leur premier drame, et pas des moindres croyez-moi. Beaucoup de douleurs, de colère mais aussi d’espoir. Même si les révélations n’ont quant à elles, rien qui ne vous fasse écarquiller les yeux, elles n’en restent pas moins intéressantes. Sans savoir vraiment qui ou quoi ni comment, pour avoir lu second roman d’Eve Chase il y a peu, construit exactement de la même façon, j’ai tout de même supputer pas mal de choses, me doutant un tantinet du final et ne me provoquant ainsi aucune surprise majeure. Qu’importe, ce point, je l’avais compris dès les 1ères pages. Si j’ai continuais à lire ce livre, c’est que cela n’était nullement dérangeant pour moi.
Si je devais résumer :
Une très bonne lecture d’été, des personnages qui ont su me convaincre, un décor qui me faisait rêver. Je n’en voulais pas plus. La littérature anglaise a ce petit quelque chose que j’aime tant et qui arrive à me faire sortir de mes thrillers et polars habituels. Par petite dose, je saupoudre mes lectures de romans de ce type, de temps à autre. J’aime ce sentiment de réconfort et d’appartenance que cela me procure. J’aime la pudeur et pourtant la franchise qui sort de ces pages. Les traditions anglaises, la vision des choses, souvent différente de la mienne et pourtant… Tout ça est pourtant loin de mon quotidien mais j’apprécie vraiment me plonger dans cet univers. Je ne peux pas vous dire si j’ai préféré Un manoir en Cornouailles ou Les filles du manoir Foxcote. Tout deux sont relativement similaires et m’ont apporté exactement ce dont j’avais besoin. Une lecture agréable, douce mais poignante. De quoi me ravir malgré une fin un peu love-love. Après tout, ça fait aussi parti de leur charme !

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