Le manufacturier – Mattias Koping

« C’était beau et mélancolique, ces mortelles étoiles filantes dans l’obscurité croissante, au milieu des fumerolles et des décombres. »

Note : 4 sur 5.
En librairie depuis le 9 juin 2022 chez Magnus – 668 pages, 11€

4ème de couverture :

19 novembre 1991. La Yougoslavie s’enfonce dans la spirale de la guerre. Des paramilitaires serbes massacrent une famille dans le village d’Erdut, en Croatie. Seul un petit garçon en réchappe. Vingt-cinq ans après, l’avocate Irena Ilić se lance dans la traque de ces monstres sanguinaires.
1er avril 2017. Un double crime abominable a été perpétré contre une femme et son bébé, dont les corps sont retrouvés au Havre. Vladimir Radiche, un capitaine de police sans aucun scrupule, est chargé de l’affaire. Les victimes ont été torturées et assassinées par le Manufacturier, un tueur insane qui vend les films de ses exactions sur son site Internet.
Lorsque les trajectoires de la tenace Irena Ilić et du détestable Vladimir Radiche se croisent, l’insoutenable vérité se fait jour peu à peu. Pris dans un maelström de violence, les deux protagonistes évoluent dans ce que l’humanité produit de plus affreux. Trafics en tout genre, crimes contre l’humanité, assassinats sériels, darknet, sectarismes religieux et haines politiques, les fils peu à peu se rejoignent inexorablement pour tresser la corde qui étrangle le lecteur et le suffoque.

Ce que j’en ai pensé :

C’est chose faite. J’ai ENFIN lu Le Manufacturier. Après avoir entendu et lu un nombre incalculable de fois que ce livre était un chef d’œuvre tant par son histoire que par sa dose de violence, je me suis lancée. La boule au vente, craignant les scènes difficiles, j’y suis allée. J’admets avoir eu quelques réticences, ayant essayé de lire Les démoniaques de Mattias Köping, que j’avais abandonné au bout d’une petite centaine de pages à cause d’une plume un tantinet trop hard pour moi (en terme de violence verbale), je redoutais qu’il en soit de même avec celui-ci.

Bien évidemment, la note de l’auteur avant le début de l’histoire est claire, nette et précise. Ce livre est d’une noirceur profonde, âmes sensibles, passez votre chemin. Booooouh les frissons ! J’étais fébrile, ne sachant pas réellement quel serait mon degré de tolérance face à des descriptions, semble-t-il, à la limite du soutenable. Allez, courageuse que je suis, je me suis lancée. J’ai tout d’abord été agréablement surprise par la plume de l’auteur. Tranchante mais ultra précise. De quoi nous mettre dans le bain assez rapidement. Je me suis bêtement fiée à la 4ème de couverture, ce fût ma première erreur. Surprises sur surprises, je m’en suis pris plein la tête !

Tout d’abord, le sujet de fond m’a profondément intéressé. Le conflit des Balkans qui a éclaté au début des années 90 alors que je portais encore des couches. Grâce au Manufacturier, j’ai enrichi mes connaissances et j’ai du faire face à l’effroyable vérité. Plusieurs fois, j’ai eu besoin d’explications supplémentaires, non pas par manque de détails mais par envie d’approfondir le sujet. J’ai de la chance, je partage ma vie avec un ancien casque bleu qui a été lui-même au cœur de cette guerre. Nombreuses ont été nos discussions à ce sujet. Aussi passionnantes qu’effrayantes. Il a su m’apporter les réponses à mes très, très nombreuses questions. Le nombre d’informations données dans ce livre font de lui une lecture extrêmement dense. Que ce soit par rapport aux très nombreux personnages, aux différentes histoires qui, bien évidemment finissent par s’imbriquer ou par le flot de données historiques qu’il comporte. Loin d’être une partie de plaisir, la concentration est de mise ! Il m’aura tout de même fallu plus de 10 jours pour en venir à bout, chose inhabituelle pour moi.

Quant aux scènes violentes, effectivement elles ne vous épargnent pas. L’une d’entre elles aura eu raison de moi, me forçant à serrer les dents pour faire reculer la nausée. Oui, oui, vous avez bien lu. Pour les autres, elles sont effroyables, vous dire le contraire serait vous mentir. Les détails sont bien présents et ne laisse que peu de place au doute, les protagonistes souffrent et c’est peu de le dire. J’ai tout de même réussi à me détacher des passages les plus violents. J’ai réussi à préserver mon petit cœur et mon estomac de tout ça, dans la mesure du possible. Les enquêtes sont assez incroyables, les ramifications hallucinantes et la construction complètement dingue. Quel talent Mattias Köpping! La maîtrise de l’auteur est à couper le souffle, la narration est inédite, brutale. Partez du principe que dans cette lecture, rien n’est jamais acquis, vous allez en manger (si vous avez encore de l’appétit) des rebondissements. Vous allez être secouer, très certainement. Ce livre est puissant.

VERDICT?

Je ne peux pas vous dire que c’est un coup de cœur, je peux en revanche me joindre à l’ensemble du lectorat pour crier haut et fort que ce livre est magistral. Du jamais lu. Le manque d’émotions et/ou d’attachement aux personnages auront peut être eu raison de moi et auront fait que ce livre, bien qu’extraordinaire ne puisse être un coup de cœur. Après, et c’est purement personnel, il m’est difficile de le qualifier comme tel de part son histoire et sa violence. Un livre coup de poing comme celui-ci peut difficilement être vu comme cela pour moi. Cependant je suis, encore aujourd’hui, scotchée par tant de talent. Il faut reprendre son souffle, digérer, accepter aussi. A part lire Martine à la plage, je ne sais pas quoi faire à ce jour pour me sortir de toute cette noirceur. Je l’ai voulu, je l’ai eu. Aucun regret, uniquement une admiration profonde pour un auteur que je ne pensais plus jamais lire. Bravo.

(J’insiste sur le fait que ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains. Prenez bien en compte l’avertissement. Il n’est pas là pour faire parler de lui ou vendre, il est là pour préserver les âmes sensibles.)

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