Les hommes ont peur de la lumière – Douglas Kennedy

« Si l’histoire nous a appris une chose, c’est que ceux qui croient détenir la lumière condamnent souvent les autres à l’obscurité. »

Note : 4 sur 5.
En librairie depuis le 5 mai 2022 chez Belfond – 255 pages, 22€

4ème de couverture :

Un après-midi calme et ensoleillé, un bâtiment en apparence anonyme et soudain, l’explosion d’une bombe.
L’immeuble dévasté abritait l’une des rares cliniques pratiquant l’avortement. Une victime est à déplorer et parmi les témoins impuissants, Brendan, un chauffeur Uber d’une cinquantaine d’années, et sa cliente Elise, une ancienne professeure de fac qui aide des femmes en difficulté à se faire avorter.
Au mauvais endroit au mauvais moment, l’intellectuelle bourgeoise et le chic type sans histoires vont se retrouver embarqués malgré eux dans une dangereuse course contre la montre. Car si au départ tout semble prouver qu’il s’agit d’un attentat perpétré par un groupuscule d’intégristes religieux, la réalité est bien plus trouble et inquiétante…
Tout à la fois thriller haletant et chronique d’une Amérique en crise, Les hommes ont peur de la lumière est surtout le puissant portrait d’un homme et d’une femme qui, envers et contre tout, essaient de rester debout.

Ce que j’en ai pensé :

Je ne suis pas une fidèle de Douglas Kennedy, je dois l’admettre. Pourtant, dès la sortie de ce roman, j’ai eu envie de le lire. Probablement grâce à son sujet principal qui fait beaucoup beaucoup de bruit de l’autre côté de l’Atlantique mais aussi chez nous, en Europe. Horrifiée, dépitée, écœurée… Voilà les sentiments qui m’accompagnent depuis que de nombreux états des USA ont mis fin au droit d’interruption volontaire de grossesse. Le débat fait rage, chacun à ses propres opinions, il n’est pas question d’en parler ici, d’autant plus que l’auteur ne prend pas ouvertement position bien que son avis est assez clair. Il n’est pas moralisateur, il constate, il est factuel, voilà tout. En plus de ce sujet plus que d’actualité, il met également le doigt sur quelques problèmes majeurs de la société américaine : l’exploitation dans le milieu du travail, la déchéance sociale, le manque d’accompagnement pour les plus modestes et l’écrasement par les plus aisés. Vous allez notamment découvrir l’envers du décor pour les chauffeurs Uber, l’avenir réservé au immigrés, le pouvoir et la manipulation de la religion lorsqu’elle n’est pas utilisée à bon escient. Rien à voir avec une satire, l’humour n’a pas sa place ici.

Pourquoi ai-je tant aimé ce roman? Parce qu’en plus des thèmes abordés, j’ai ressenti un profond attachement pour Brendan, qui vit sa vie comme il le peut, qui tente de ne faire de mal à personne, bien au contraire. Son engagement est avant tout plein de bon sens, ce n’est pas une vision subjective, c’est une réalité. Loin d’encourager son épouse pro-vie, il n’en n’est pas moins un opposant farouche. Il se cherche, il souhaite comprendre et il se remet en question. Je l’ai trouvé entier, sans fioritures, authentique, ce qui fait finalement de lui un personnage lambda qui pourtant, portera l’histoire du début à la toute fin. Sa situation précaire fait de lui l’un des hommes qui ont peur de la lumière… L’instabilité financière qu’il vit reflète la triste réalité de beaucoup de personnes aux Etats Unis et dans le reste du monde. Il a su me toucher, j’ai su le comprendre. Je ne parle pas du fait que je suis d’accord avec lui ou non, juste d’empathie. Les émotions sont parfaitement décrites, elles nous serrent le cœur et nous assistons impuissants à son existence qui se délite au fil des pages.

Les quelques personnages présentés sont parfaitement bien construits et permettent à l’histoire d’être aussi crédible qu’effrayante. Les pro-vie d’un côté avec l’ami (ou pas) religieu, la femme de Brendan, sa meilleure amie et les autres, celle qui se battent pour les droits des femmes : Élise et sa fille. Chacun a leur manière à son importance ici. Points de vue divergents qui finalement amènent aux questions que chacun doit se poser. Sans jamais vous dire quoi penser, l’auteur met le doigt là où ça fait mal.

Douglas Kennedy nous expose des faits sociétaux d’actualité avec une intrigue qui n’est pas négligée pour autant. C’est un livre court qui se lit tout seul, dynamique, fluide, il a tout d’un page-turner. Je sais que j’en garderai un très bon souvenir et je ne peux que vous le conseiller !

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