La détresse des roses – Jack Jakoli

« Il avait envie de goûter. »

Note : 4 sur 5.
En librairie depuis le 11 janvier 2023 chez Hugo Thriller – 400 pages, 19.95€

4ème de couverture :

Inspiré de l’histoire vraie du « Dépeceur de Mons », l’un des pires serial killers que la Belgique ait connus.

Belgique. Il y a quelques années. Après avoir profité de sa victime deux jours durant, un homme s’installe dans le garage de ses parents pour démembrer le corps. Ce qui devait être une besogne l’enthousiasme et l’élève à un niveau qu’il ne soupçonnait pas. Il décide alors de joindre l’utile à l’agréable et de créer une œuvre qu’il compte bien exposer aux yeux de tous. Nord de la France. Quelques semaines plus tard. Une patrouille de la territoriale est avisée de la découverte du bassin d’une femme le long d’un fleuve. Rapidement, les recherches stagnent, aucun indice, aucune trace, impossible d’identifier la victime et par conséquent, l’assassin. La piste belge est évoquée mais ne mène nulle part. Jusqu’à ce que de l’autre côté de la frontière, le tronc d’une femme soit également découvert dans un cours d’eau. Le morceau de corps est dépecé et les aréoles sont absentes, découpées avec soin. Débute alors une enquête qui marquera les esprits de tous. Particulièrement celui de Mélanie Penning, en poste à la Criminelle depuis un an. Repartie de zéro après la fin brutale de son mariage, l’enquêtrice subit de plein fouet les images insoutenables inhérentes à sa nouvelle fonction. Seule femme aux homicides, elle a tout à prouver et ne compte pas laisser ce prédateur continuer à faire son marché dans le monde de la nuit. Là où sa jeune sœur a ses habitudes.

Ce que j’en ai pensé :

S’inspirer d’un fait divers glauque et bien dérangeant tout en l’adaptant à travers une fiction (par respect pour les victimes et les familles), voilà l’idée de Jack Jakoli avec La détresse des roses. Un titre aussi poétique que la dureté de l’histoire. Un thriller intense avec une enquête policière palpitante. Mélanie Penning est une jeune recrue de la crim et elle va en voir de toutes les couleurs. Son chef dont le sobriquet est Bishop (vous avez la réf?) a beau tout faire pour qu’elle prenne ses marques, rien ne va se passer comme prévu. Quand des morceaux de femmes sont retrouvés ici et là, semés au gré des envies d’un tueur en série très vite surnommé le Boucher, c’est toute une équipe qui va se retrouver face à un mur de difficultés. Déjà, il faut réussir à identifier les victimes, chose qui n’est pas des plus aisées quand on ne retrouve d’elle qu’un tronc, un bassin ou même une tête. Tandis que la presse s’emballe, c’est toute une petite ville (fictive) de Belgique qui va se retrouver au cœur d’une enquête hors norme.

Ce thriller est efficace pour de nombreuses raisons mais celles qui me viennent à l’esprit en premier sont l’attachement que j’ai ressenti vis à vis de Mélanie, cette lâche-rien, jusqu’au boutiste (à ses risques et périls) et à Bishop, chef de la crim qui même si il est souvent dépassé ne baisse pas les bras. Le fait d’avoir des chapitres autour du tueur, pour les lecteurs et lectrices de polar que nous sommes n’est que plus jouissif même si j’ai souvent déchanté en me rappelant que toute cette histoire n’était pas issue que de l’imaginaire de l’auteur. Le fait de suivre parallèlement l’enquête et la vision du tueur nous plonge dans une tension constante, nous gardant éveillé et sur le qui vive. Les investigations sont longues et ne permettent pas une résolution de l’affaire en quelques semaines. Un peu plus d’une année s’écoule et les chapitres courts et datés nous permettent de nous situer et de rythmer notre lecture. On va suivre Mélanie, tantôt dans son milieu professionnel, tantôt dans sa vie privée. On fera connaissance avec sa sœur qui au départ m’a semblée assez sympathique pour finalement me sortir par les yeux avec son comportement d’adolescente de 15 ans.

Le tueur quant à lui, ressemble à n’importe lequel d’entre nous, vous vous en apercevrez bien vite. C’est d’autant plus effrayant quand on sait qu’on croise des centaines de personnes chaque semaine. Sous ses airs somme toute assez banal, il cache un schéma bien précis qui nous sera dévoilé au compte goutte, grâce aux quelques éléments que Jack Jakoli nous offre au fil des pages. Certaines scènes peuvent parfois choquer cependant rien n’est gratuit ou excessif, c’est au contraire aussi factuel que terrible. L’auteur a cette faculté à distiller l’horreur tout en étant aussi respectueux que possible. Je découvre sa plume et je dois dire que je suis plus que séduite. Voilà bien longtemps que je n’avais pas lu un thriller pur et dur comme celui-ci et ça fait du bien de revenir aux sources.

En quelques mots :

Une découverte aussi belle que l’est la couverture. Un thriller addictif qui se dévore (lu en un week-end et pourtant j’ai fait plein d’autres choses!). Un auteur qui malgré les horreurs qu’il décrit nous fait ressentir de multiples émotions. La frontière entre le bien et le mal est mince et il est quasiment impossible de l’apercevoir, tout peu basculer d’une page à l’autre d’autant plus que la subjectivité tient un rôle important ici. J’ai aimé partir en Belgique, une première pour moi dans la littérature. Mes racines ch’ti ont su percevoir les quelques références de mes voisins (fricadelle !). La petite ville de Montiry a beau n’exister qu’à travers les pages de ce livre, la description et la cohérence m’ont permises de visualiser chaque endroit comme si j’y étais. Je passe mon tour pour partir en vacances là-bas cette année, ne m’en voulez pas.

Vous l’aurez compris, je conseille La détresse des roses à tous les amateurs de thriller mais pas que. Très belle rencontre littéraire avec l’auteur, je suis ravie.

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