Le chant du silence – Jérôme Loubry

« Depuis, chaque fois que des ombres menaçantes s’amoncellent dans le ciel, et qu’importe le lieu où je me trouve, je repense à ma ville natale. « 

Note : 4.5 sur 5.
En librairie depuis le 4 janvier 2023 chez Calmann-Lévy Noir – 400 pages, 21.90€

4ème de couverture :

IL Y A CE QU’ON VOUS A RACONTÉ, CE QUE VOUS AVEZ COMPRIS,CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS CRU…
ET PUIS IL Y A LA VÉRITÉ.
Lundi dernier, le père de Damien s’est jeté du haut de la baie des veuves, cette falaise d’où les femmes guettaient autrefois le retour des bateaux de pêche.
Damien se met donc en route pour régler les funérailles, tentant en vain d’éprouver de la tristesse. Durant l’été 1995, ce père qu’il aurait voulu aimer est devenu un meurtrier, les contraignant sa mère et lui à déménager à l’autre bout de la France car la ville entière maudissait leur nom. Damien n’est jamais revenu. La seule lumière dans ce pèlerinage douloureux est qu’il va revoir Oriane, son amour d’enfance.
Mais arrivé dans le quartier des pêcheurs désormais à l’abandon, Damien découvre dans la parka de son père une photo qui remet tout en question… Et si la vérité sur l’été 1995 était tout autre?

Ce que j’en ai pensé :

Les thrillers et les polars, ce sont mes dadas. J’en lis près d’une centaine par an. Insatiable, je ne peux me détourner bien longtemps de ces genres littéraires. Jérôme Loubry n’avait plus à rien à me prouver si tant est qu’il est un jour eu à le faire. J’ai lu quasiment toute sa bibliographie. Chaque fois, j’ai été subjuguée, bluffée. C’est un auteur de littérature noire qui a cette petite chose qui le rend complétement différent de la plupart des autres : l’émotion. L’histoire a beau être sombre, la construction de son intrigue, de ses personnages, le sujet… Tout y est pour ressentir tout un tas de choses durant la lecture. La double temporalité qui nous fait voyager entre le « présent » et les années 90 nous permet d’appréhender les événements de façon fluide tout un instaurant un suspense qui tient le lecteur en haleine. Les révélations se faisant avec parcimonie, on reste sur le qui-vive, tout le temps.

Loin d’être un thriller à cent à l’heure, c’est avant tout un roman d’atmosphère, lourde, pesante, menaçante. Un port de pêche qui tente le tout pour le tout pour vivre, pour survivre. Des hommes épuisés qui sont sans cesse appelés par la mer où le poisson se fait de plus en plus rare. Des petites baraques, alignées, créant un petit village dans la ville, où les enfants grandissent en voyant leurs pères s’user à la tâche, leurs mères qui attendent le retour du bateau (pourvu qu’il revienne…). Où les enfants se lient d’amitié, se construisent, espèrent et se promettent des choses qu’il est parfois impossible à tenir. J’ai senti les embruns fouetter mon visage, j’ai vu les figures burinés par les éléments, les déceptions, les peurs, l’effervescence lors du retour sur terre, vite balayée par une réalité difficile. J’ai ressenti les émotions des personnages, la puissance des mots sur les maux. La haine, viscérale, de celle qui vous ronge. Un roman noir puissant, qui chamboule à coup sûr, tel le ressac. Jérôme Loubry nous a offert tout ça à la fois. Toutes ces émotions, toutes ces choses aussi belles que terribles. L’atmosphère ou l’ambiance générale, appelez ça comme vous préférez, est un personnage à part entière qui saura guider l’intrigue vers son apogée en dernière partie du récit. Le suspense est maintenu jusqu’au dénouement qui pour ma part fût une bonne surprise. J’avais des doutes, des soupçons et heureusement, je me suis complétement fourvoyée. L’auteur a su me mener vers une route qui s’est avérée être un cul de sac, grand bien m’en fasse, je commence à avoir l’habitude avec lui. L’un de ses plus grands talents.

Ce sont les silences. Ce sont eux les premiers responsables de la déchéance de beaucoup de monde dans cette histoire. Damien déteste ce père taiseux mais il n’en parle pas. Oriane et Gustave, eux aussi claironnent le chant du silence. Les non-dits, les malentendus, les secrets… Tous se retrouvent englués, comme recouvert par ce pétrole qui s’est étendu jusqu’au port. Un roman lourd, une intrigue prenante, une plume subtile, fluide, mélancolique. J’ai adoré ma lecture même si souvent, j’ai eu la gorge serrée. Pas forcément par rapport à l’histoire, voyez plutôt ça comme un sentiment d’oppression, d’angoisse. Cette relation père/fils qui, petit à petit se dévoile à nous et nous révèle une vérité bien cachée donne un sens à l’ensemble de ce récit, le rend d’autant plus beau, fort.

Pour conclure :

Un roman noir, aussi noir que l’or noir. Une atmosphère pesante qui pousse le lecteur à ne pas lâcher ce livre. Des personnages complexes et touchants. Une intrigue qui nous mène en bateau, qui se joue de nous. Des émotions, parfois contradictoires. Voilà ce que vous réserve Le Chant du Silence. D’une puissance rare, il marquera les esprits, j’en suis certaine. Jérôme Loubry nous offre une nouvelle part de lui même et nous montre qu’une fois de plus, il arrive à capter notre attention en voguant sur un style différent de ses précédents. Un thriller qui mérite d’être lu par tous, un suspense qui ravira les amateurs du genre, un décor peu exploité qui apporte un vent de fraicheur. Merci pour ce merveilleux moment.

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