« Qu’est-ce qui se passerait si nous faisions un tour hors des limites? »

Résumé éditeur :
« Pourquoi avez-vous si peur, agent Travis ? »
1958. Un cirque ambulant, avec son lot de freaks, d’attractions et de bizarreries, vient de planter son chapiteau dans la petite ville de Seneca Falls, au Kansas. Sous les regards émerveillés des enfants et des adultes, la troupe déploie un spectacle fait d’enchantements et d’illusions. Mais l’atmosphère magique est troublée par une découverte macabre : sous le carrousel gît le corps d’un inconnu, présentant d’étranges tatouages.
Dépêché sur les lieux, l’agent spécial Michael Travis se heurte à une énigme qui tient en échec ses talents d’enquêteur. Les membres du cirque, dirigés par le mystérieux Edgar Doyle, ne sont guère enclins à livrer leurs secrets. On parle de magie, de conspiration. Mais l’affaire va bientôt prendre un tour tout à fait inattendu.
Avis :
Voilà. Après 7 jours de lecture, oui, oui, 7 jours : j’ai voulu le faire durer encore et encore, je viens juste de terminer Le Carnaval des ombres de R.J. Ellory. Quel livre ! Quelle histoire ! Autant vous le dire tout de suite, c’est un coup de cœur, non c’est un coup de foudre.
Déjà conquise par la plume de l’auteur, l’une des plus belles qui existent à mes yeux, je me suis jetée sur cette sortie. Pour vous dire, je n’ai même pas été capable d’attendre d’aller à ma librairie, je l’ai acheté au rayon culturel de mon supermarché à ma pause déjeuner. Quand on lit un Ellory, on ne lit pas qu’une simple histoire ou une intrigue divertissante. On ne se contente pas de trouver le décor sympa ou les personnages attachants. Loin de là… Quand on lit un Ellory, on est avant tout imprégné, imbibé, happé par une atmosphère, une ambiance. Voilà la plus grande force de cet auteur. Il magnifie ses mots par une aura que seul le lecteur qui se plonge dans son univers peut comprendre et ressentir. Exit les scènes à 100 à l’heure, les rebondissements à gogo, les événements incroyables, ici on vit page par page (et il y en a des pages, il y en a 600!) des émotions, on se prend du noir plein les yeux et plein le cœur. On découvre la nature humaine, profonde. Les faux-semblants, les mensonges, les douleurs.
Oui je sais, mes propos semblent un peu trop dithyrambiques, mais je peux vous assurer qu’ils reflètent parfaitement ce que je pense et ce que je vis quand je lis un Ellory. Avec Le Carnaval des ombres, c’est l’apothéose. Après avoir lu Le chant de l’assassin en 2019, je ne pensais pas que l’auteur puisse faire mieux. Le niveau étant déjà si élevé, toujours pour les même raisons. Comme quoi, tout est possible. Je me suis prise une claque, une vraie, de celles que les lecteurs n’oublient jamais.
Mais l’histoire dans tout ça?
La magie de l’auteur opère à nouveau en nous plongeant en plein cœur d’une Amérique des années 50, qui se relève de la guerre et qui tente par tous les moyens de se distraire et de trouver des réponses. Quoi de mieux qu’un bon vieux cirque qui débarque pour en mettre plein les yeux. Diseuse de bonne aventure, mentaliste, monstre de foire (mettez vous bien dans le contexte), tout y est pour attirer les foules. Les personnages sont uniques, attachants et construits à merveille. Que dire d’Edgar Doyle, le gérant du spectacle ? Personnage haut en couleurs, intelligent, mystérieux, parfois même un peu cocasse mais tellement perspicace.
Un mort est retrouvé, l’agent spécial senior fraichement promus, Michael Travis, que tout oppose à ces gens si peu ordinaires mène l’enquête, seul. De là démarre la recherche du coupable. Travis est un homme droit, sérieux qui a pour seule vocation, son travail. Son histoire douloureuse est refoulée autant que possible et l’auteur nous dévoile les réminiscences d’un passé difficile à supporter grâce à quelques chapitres qui se glissent entre les pages de l’enquête. De quoi faire un bon en arrière et comprendre véritablement le personnage et ses réactions. Une multitude d’émotions, ou d’absence d’émotion se succèdent pour nous faire découvrir la noirceur de l’histoire. C’est magistral.
Ce livre n’a beau pas être un page-turner comme on a l’habitude de l’imaginer, il est pourtant impossible à lâcher. Oui c’est un pavé. Mais personnellement, j’aurais aimé au moins le double de pages tant il m’est douloureux de le quitter.
Les sujets abordés sont tellement forts qu’ils m’ont parfois rendu mal : la peine de mort, la politique, les sentiments, les événements cachés par le gouvernement… Bref un cocktail parfait pour une lecture réussie.
Quête de soi et résilience
Apprendre à se connaître vraiment en acceptant tout nos aspects. Apprendre à lâcher prise.
L’auteur en parle de façon si poétique, avec une approche parfaitement bien menée et des mots soigneusement choisis. Je cite :
« Quelque chose était en train de céder en lui, comme si une vague lente et implacable de doute rongeait les fondements de ses certitudes. Il ne se sentait ni bien ni mal. Il ne savait pas ce qu’il éprouvait et ne savait donc que penser. […] »
A travers le personnage de Travis, on découvre une véritable épopée pour partir à la découverte de soi. Les quelques références au Magicien d’Oz font écho à la situation, aux émotions, à la rédemption, au pardon. R.J. Ellory est un maître du roman noir, peut-être même LE maître du roman noir à mes yeux. Mais dans tout ce noir qu’il nous balance en plein cœur, il laisse toujours une petite lumière allumée, une petite étoile briller. On ne referme jamais un roman de cet auteur avec une sensation de lourdeur ou de regret. Bien au contraire. On referme un Ellory avec la folle envie de lire le prochain. Il n’est pas sorti? Pas de problème, j’attendrai et je serai prête. Prête à m’en prendre plein la tête, prête à vivre une histoire incroyable ou l’ambiance tiendra sa place de personnage principal, de guide, de fil rouge.
En conclusion?
C’est plus qu’un coup de cœur, c’est littéralement un coup de foudre. J’ai eu raison de prendre mon billet pour le Carnaval Diablo et comme les habitants de Seneca Falls, je n’en suis pas sortie indemne. Je me sens démunie, que vais-je lire maintenant qui soit à la hauteur de mes attentes?
Laissez moi juste quelques jours, le temps de m’en remettre.

Vous souhaitez en savoir plus sur cet auteur ? Aller voir la rubrique J’ai posé 10 questions à… R.J. Ellory

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